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Sur 500 plus grandes entreprises africaines, 6 seulement sont congolaises

L’hebdomadaire Jeune Afrique a publié sa traditionnelle cartographie des 500 plus grandes entreprises africaines. J’ai examiné ce classement et cela m’a permis de mesurer l’étendue de la faiblesse de l’économie congolaise. Alors que des pays comme l’Afrique du Sud, l’Egypte et le Maroc s’en sortent avec des dizaines d’entreprises couvrant divers secteurs, notre pays la RDC n’en compte que six réparties seulement dans deux secteurs, à savoir : les mines et les télécommunications.

L’entreprise minière Kibali Gold est donc la plus grande entreprise congolaise avec un chiffre d’affaire d’un peu plus de 1,4 milliards de dollars US. Elle occupe la 97e place africaine. Vient ensuite l’entreprise Katanga Mining (filiale de Glencore) avec un chiffre d’affaire d’un peu plus de 1,3 milliards de dollars et se situe à la 101e place. Si la première a connu un résultat positif net, la seconde a enregistré des pertes estimées à plus de 900 millions de dollars l’an dernier.

Les quatre autres représentants de la RDC sont par ordre de classement : Vodacom RDC (244e rang africain), Orange RDC (330e), Gécamines (341e) Airtel RDC (348e).

Principaux enseignements de ce classement pour le Congo

Cela n’est pas une surprise pour moi de constater que nos plus grandes entreprises sont dans les mines. Notre pays a toujours tourné au rythme de l’exploitation minière. La question du manque de diversification de notre économie se pose une fois de plus. Il se dégage aussi le fait que la plupart des entreprises classées ne sont pas à capitaux congolais. A l’exception de la Gécamines, historique navire amiral de l’économie congolaise, toutes les entreprises répertoriées sont tenues par des capitaux étrangers (même si elles comptent des participations minoritaires des Congolais ici et là). La prospérité de ces entreprises ne peut donc bénéficier aux citoyens du pays. Bien sûr, on peut dire qu’elles paient des salaires et des impôts, mais à quelle hauteur ?

Néanmoins, ceci n’est pas une raison pour essayer de nationaliser ces entreprises, car on sait où finit ce type d’aventures dans nos pays africains.

Ma plus grande remarque est qu’on ne peut réussir à créer des milliardaires congolais, vœu du président de la République, sans une certaine densification de l’écosystème d’entreprises et d’industries congolaises. Il serait donc primordial de faire figurer 6 nouvelles entreprises congolaises dans le classement établi par Jeune Afrique d’ici 2030 par exemple. Et cela se ressentira sur le dynamisme de l’économie congolaise.

La RDC comparée aux autres Etats africains

Notre pays est logiquement loin derrière l’Afrique du Sud qui a des dizaines d’entreprises cartographiées. Membre du G20 et membre des Brics, le pays de Mandela est l’une des économies les plus fortes du continent. C’est donc sans surprise qu’elle domine le classement. J’ai dénombré 35 entreprises sud-africaines parmi les 50 premières entreprises africaines. Cela donne déjà une idée de cette domination.

L’économie de notre pays est aussi à l’image des économies africaines : dépendante de l’exportation des matières premières et peu intégrée. Ce qui explique pourquoi il y a peu ou pas du tout d’entreprises africaines cartographiées qui sont dans les technologies de pointe ou dans la transformation des minerais.

Il m’a paru aussi intéressant de regarder le classement de la Zambie qui est un pays dont l’économie a des caractéristiques comparables à celles de la notre. J’ai répertorié cinq entreprises zambiennes dans le classement. Et le plus intéressant est ceci : certes la plus grande entreprise zambienne est dans les mines. Mais parmi les cinq, on trouve une entreprise dans l’agroalimentaire (Zambeef) et une autre dans la production de l’électricité (Copper Belt Energy corporation).

Contrairement à notre pays, la Zambie a donc la possibilité d’influencer deux secteurs vitaux que sont l’alimentation et l’électricité, en dépit de sa dépendance vis-à-vis de l’exploitation du cuivre et du cobalt. C’est donc logique qu’une bonne partie de l’alimentation des citoyens du Katanga (province frontalière de la Zambie) soit dépendante de ce qui est produit par les Zambiens en terme de nourriture et de fourniture d’électricité.

 

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