Le 15 octobre 2016 a marqué le deuxième anniversaire du début des massacres de civils par les rebelles ADF. Pour la cause, le stade de la ville de Beni a été rebaptisé « stade du 15 octobre » et des mausolées seront érigés dans la ville en mémoire des victimes.Une manifestation est interdite par les autorités locales, mais quelques jeunes ont tout de même décidé de se rassembler.
Il est 11h30 à Beni, lorsque 21 hommes portant des armes blanches et des fétiches font leur entrée au rond-point du 30 juin, le centre de la ville. Une foule compacte, scandant des chansons en l’honneur de ces hommes armés, accompagne ces hommes dans ce carnaval. Des habitants, tous âges confondus, accourent des principales artères de la ville pour accueillir ces hommes, identifiés comme des membres de la milice d’autodéfense Mai-Mai Mazembe par les habitants, ou faisant partie de la secte du Corps du Christ de Carmel selon la coordination de la société civile. Ovationnés par la population, ils indiquent venir combattre les rebelles auteurs de massacres de civils que l’armée et la mission Onusienne en RDC (Monusco) combattent depuis deux ans sans succès. Ces miliciens exécutent leurs rituels et reprennent la direction de la mairie de Beni, avant de rendre visite aux administrateurs locaux pour obtenir l’autorisation d’aller combattre les rebelles. Curieux : l’armée loyaliste n’a pas empêché l’entrée dans la ville, sous contrôle du gouvernement congolais d’une milice, vue par tous comme un mouvement d’insurrection. Au contraire, une jeep de la police nationale congolaise accompagne de loin le cortège.
Naissance d’une nouvelle rébellion ?
Les habitants de la région voient dans les échecs successifs à éliminer les ADF l’incompétence de l’armée gouvernementale et des casques bleus, d’autres y voient une complicité de certains éléments. L’arrivée de cette milice, peu importe son passé et sa provenance, peut-être capable d’éliminer cette menace sécuritaire, est perçue par certains comme salutaire. Plusieurs jeunes de Beni se sont tout de suite enrôlés dans cette milice pour prendre en charge eux-mêmes leur sécurité et celle de leurs proches. Ils se sont initiés aux rituels de la milice afin d’aller combattre les rebelles ADF.
Si le contenu de la rencontre des miliciens avec l’administration locale n’a pas filtré, il a quand même été observé un regroupement de membres de cette milice au rond-point du 30 juin. Plusieurs sponsors volontaires sont venus déposer de l’argent en guise de contribution pour l’émergence de ce groupe d’autodéfense, qui risque de devenir une nouvelle rébellion dans cette région en proie aux problèmes sécuritaires. Sans critère, les membres de cette milice on initié tous les volontaires qui se présentaient à leurs rituels, les rendant invulnérables aux balles selon les adeptes de la milice. Même des enfants ont été enrôlés. Ces personnes n’ont pas été cantonnées, encore moins identifiées, mais plutôt déversées dans la société, chacun retournant dans sa famille respective.
L’Etat démissionnaire
Deux faits ont marqué mon attention durant le déroulement de cet événement. Depuis 2003, date de la réunification du pays, toute entrée d’une milice dans une zone contrôlée par les troupes congolaises était suivie d’affrontements. L’armée a-t-elle délibérément laissé entrer les miliciens dans la ville pour éviter des dégâts collatéraux, ou a-t-elle été incompétente à contenir cette incursion ? Jusqu’au lendemain, on pouvait apercevoir des miliciens, identifiés par leurs vêtements et leur armement défiler dans la ville, avant leur descente sur la ligne de front dimanche, indiquent des sources anonymes.
Ma deuxième interrogation concerne l’accueil réservé aux miliciens par la population. « Et si c’était un mode d’infiltration de l’ennemi dans la ville ? », avais-je interrogé un jeune venu applaudir l’arrivée triomphale des Mai-Mai. « Nous avons pendant longtemps été protégés par nous-mêmes ou des jeunes du milieu constitués en groupes d’autodéfense. S’ils reviennent aujourd’hui remplacer ou suppléer l’État qui a failli à sa mission, ils sont les bienvenus », me rétorqua d’interlocuteur sur un air joyeux.
C’est vrai a Beni la population entant souffer,depuis le massacre de la paisible citoyen parait vrai que la population de c’est prendre en charge.