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Bourreaux à domicile, saints chez le voisin

Ces dernières années, la République démocratique du Congo et le Burundi ont fait partie des pays qui ont contribué aux troupes de missions de maintien de la paix de l’ONU et de l’UA. Plusieurs centaines de soldats congolais ont servi en Centrafrique tandis que leur voisin du Burundi ont fait de même en Somalie.

Leur présence dans ces pays apporte un impact positif. De plus, les divers contingents déployés sont respectés par les autorités et appréciés par les populations des pays hôtes. Ces forces contribuent donc à la création d’une image positive des Forces Armées de la RDC (FARDC) et de l’Armée Nationale du Burundi. Pourtant, dans leur pays respectif, il en est tout autre. Elles sont accusées de nombreux abus : viols, arrestations arbitraires, exécutions extrajudiciaires, exploitation illégale des ressources naturelles…

En 2012 par exemple, des militaires de la République démocratique du Congo ont été accusé d’avoir commis des viols massifs à l’encontre des femmes de Minova au Sud-Kivu. Elles fuyaient alors la ville de Goma, tombée entre les mains des rebelles du mouvement du 23 mars (M23). Certaines d’entre elles ont témoigné dans le documentaire de Thierry Michel : « L’homme qui répare les femmes », consacré au gynécologue congolais Denis Mukwege. Kinshasa a interdit la diffusion du film en raison des déclarations qui pointent du doigt les militaires de l’armée congolaise. Le gouvernement a choisi d’ignorer ses allégations et accuse le réalisateur d’avoir déformé les propos des victimes lors de leur traduction.

Au Burundi, les organisations de défense des droits de l’homme accusent les forces de l’ordre d’avoir exécuté par balles, des manifestants opposés au troisième mandat de Pierre Nkuruziza. Dans un rapport publié par l’ONU, les troupes de l’Armée et les Forces de l’ordre ont été citées dans plusieurs exactions.

Des troupes hypocrites

Face à ces situations paradoxales, on peut conclure que les consignes strictes établies par l’ONU et l’UA empêchent les troupes de commettre des actes pouvant nuire à l’image de leur pays d’origine.

Pour les populations de RDC et du Burundi, l’image positive de leurs armées à l’étranger n’est qu’un leurre car ces militaires et policiers sont de véritables bourreaux chez eux. Les troupes déployées au sein des missions à travers l’Afrique sont hypocrites afin de protéger leur image et celle de leur régime.

On ne peut se voiler la face bien longtemps

En août 2015, trois jeunes Centrafricaines, dont une mineure, ont accusé des casques bleus congolais de la MINUSMA, de viols. Selon les règles des Nations Unies, le pays qui fournit les troupes est chargé de mener les enquêtes, d’établir les responsabilités et de punir les coupables. Après les accusations, Kinshasa a dépêché une mission d’enquête en RCA. Elle a plaidé non coupable en faveur de treize (13) militaires congolais car les victimes se sont rétractées. Insatisfait des résultats de l’enquête, l’ONU a décidé de ne plus travailler avec le contingent congolais en Centrafrique. Elle a reconnu la contribution de ses 807 militaires et 118 policiers au rétablissement de la paix à Bambari. Toutefois, elle a préféré les révoquer.

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