Contrairement au gouvernement congolais qui tergiverse à organiser les élections, ces dernières se tiennent au Burundi à tour de bras. Et les sanctions économiques n’y font rien.
Plantons d’abord le décor. Depuis mars 2016, l’Union européenne a coupé son aide directe au gouvernement burundais, qui représentait environ 20 % du budget national. Les conséquences sur l’économie ont été désastreuses. Parallèlement, se voyant contesté sur la scène internationale, le pouvoir issu de la coalition CNDD-FDD veut à tout prix prouver sa légitimité. Quoi de mieux que de tenir alors des élections ?
Un référendum visant à modifier la Constitution s’est déroulé au mois de mai 2018, et le « oui » l’a emporté très largement, sans surprise. Maintenant, la Céni veut s’atteler à l’organisation des élections générales de 2020. « Vu que le Burundi est sous sanctions économiques et que les bailleurs externes finançaient à hauteur de 86% le processus électoral, comment le pouvoir de Bujumbura s’en sort-il ? », se demandent plus d’une personne. Eh bien, la réponse est simple, le pays de Nkurunziza s’en sort grâce à ce qu’il appelle avec des mots doux « contribution de la population aux élections ».
70 milliards pour les élections
Explicitement, les Burundais devront puiser dans leurs poches pour financer leurs élections. Ce qui a été oublié d’être mentionné, c’est que cette contribution est tout sauf volontaire. Ainsi, 1 à 5% du salaire des fonctionnaires sera affecté à l’organisation du scrutin, tandis que pour les citoyens non-salariés qui vivent de l’agriculture ou d’un simple métier qui ne génère pas de salaire mensuel, la contribution sera de deux mille francs burundais (1 dollar US) par an et par ménage et mille francs par an pour les élèves et les étudiants en âge de voter, apprend-on d’une ordonnance conjointe des ministères de l’Intérieur et des Finances. Ainsi sur les 70 milliards de francs burundais (environ 35 millions de dollars US) nécessaires à la tenue du scrutin, 17 milliards auraient déjà été collectés grâce à la participation des fonctionnaires et des organisations.
Dans un pays à l’économie moribonde, la tenue d’élections dont le résultat est connu d’avance, si elle ressemble avant tout à une perte de temps, constitue une dilapidation de moyens. Ces derniers auraient pu être affectés à plus important, comme nourrir une population dont plus de 70 % vit en dessous du seuil de la pauvreté. Mais les chantres du pouvoir diront que c’est le prix de la souveraineté. Des arguments qui commencent à revenir même dans les discours des officiels congolais, annonçant des jours bien sombres.
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