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Je te tiens, tu me tiens, par la mobilisation…

A deux mois de la présidentielle du 23 décembre, les acteurs politiques de la République démocratique du Congo ont tenté de mobiliser, stade contre esplanade de stade. Démonstrations de force aux allures de début officieux de campagne électorale…

Comme on joue, à l’école à celui qui urine le plus loin, les politiciens de tous bords et de tous horizons se plaisent à mesurer leur capacité de mobilisation, dans la rue avant les urnes. C’est ce que viennent de faire, ces vendredi et samedi, les camps politiques de RDC.

L’opposition tenait meeting, le 26 octobre, sur l’esplanade du stade des Martyrs, tandis que le Front commun pour le Congo (FCC) présentait publiquement son candidat le 27, au stade Tata Raphaël. Ce faisant, les uns et les autres esquissaient une sorte de coup d’envoi « non officiel » de la bataille électorale à venir, tout en rappelant qu’il ne s’agissait pas d’un début de campagne. Rappel destiné  à sous-entendre « nous respectons le processus » et « nous pouvons mieux faire »…

La guerre des chiffres

Et les chiffres de la mobilisation ? Curieusement, et là aussi dans toutes les contrées, l’arithmétique est, en matière politique, la science la moins exacte. Ce sont les tenants du régime congolais qui ont propulsé le plus rapidement un chiffre. Si le stade Tata Raphaël a une capacité officielle de 50 000 places, la police a évalué à 180 000 le nombre de militants au meeting du FCC, tandis que la presse internationale évoquait une foule « d’au moins 50.000 partisans du président Joseph Kabila ».

Au-delà de l’impression que le téléspectateur se fait de la mobilisation du meeting de l’opposition, est-il vraiment efficace, sinon utile, que celle-ci brandisse ses propres chiffres, tellement paraissent biaisés ceux du pouvoir ? Primo, la police est rarement objective. Secundo, un rassemblement du candidat du régime profite toujours de ressorts liés à la mobilisation des moyens de l’Etat.

Ce 27 octobre, la rencontre était immanquable pour des ministres ou des gouverneurs venus à bord de véhicules officiels, certains sous escorte policière. Un nombre important des autres manifestants a été convoyé à bord de bus publics, de taxis et de taxi-bus des transports en commun. Depuis des semaines déjà, d’ailleurs, la mise en lumière d’Emmanuel Ramazani Shadary suscite des supputations de détournement des moyens de l’Etat.

Du terrain aux urnes

Qui transformera dans les urnes l’essai de la mobilisation populaire ? Cela dépendra des procédures et du charisme des leaders. Utilisant des cercueils virtuels, l’opposition indiquait vendredi dernier, qu’un fichier électoral non nettoyé serait considéré comme décéder. De même la machine à voter suscitait des signes de croix de jeunes manifestants entendant l’enterrer au milieu de gerbes de fleurs.

Le charisme requis par le futur élu se pose de façon différente pour les deux camps. Côté pouvoir, le trop discret Shadary peut-il se permettre de s’effacer devant la silhouette en filigrane de Kabila ? Côté opposition, c’est la question de la candidature unique qui pourrait être déterminante. Si la mise sur la touche de Jean-Pierre Bemba et Moïse Katumbi est un mal pour un bien, de ce point de vue, le « cavalier seul » récent de Felix Tshisekedi fissurera-t-il le front commun ? Même si le chiffre des militants de vendredi est difficile à évaluer, l’absence du fils de l’ancien opposant historique a valu plus qu’un « – 1 »…

 


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