Noël approche à grands pas. Les élections en République démocratique du Congo approchent elles aussi. Elles auront lieu 48 heures avant Noël. Et comme pour la fête de la nativité, le Père Noël promet des cadeaux aux enfants qui auront été gentils toute l’année. Pour les élections, nos candidats promettent des cadeaux à tous les Congolais. Hélas, ces promesses ont remplacé les vrais programmes et les projets de société.
Les cadeaux les plus fous dont rêve un enfant pour les fêtes sont souvent un vélo, une petite voiture, une nouvelle Playstation, etc. Et le Père Noël les exauce, des fois par le truchement des parents. Mais en RDC, lors de ces trois dernières semaines de campagne électorale, les candidats, partout où ils passent, promettent de réaliser les rêves les plus fous des Congolais. Cependant, personne ne parle d’un débat de fond sur l’emploi, le développement ou l’amélioration des conditions de vie de la population. Tous mentent comme des arracheurs de dents, pour s’assurer le vote des citoyens.
Je ferai des saints et ferai pleuvoir de l’argent
Le dauphin de Kabila, arrivé à Isiro dans la province du Haut-Uélé, a promis s’il est élu président, d’accélérer le processus de canonisation de la bienheureuse Anuarite Nengapeta, une religieuse née dans cette ville et qui fut tuée pour avoir refusé de briser son vœu de chasteté. Sérieux ? Shadary comprend-il comment se fait le processus de canonisation ? Cela dépend uniquement de l’Eglise catholique et des preuves irréfutables d’accomplissement de miracles pendant sa vie. Or Emmanuel Shadary n’a pas le droit de voyager en Europe, comment pourrait-il même se rendre à Rome pour tenter quoi que ce soit dans ce sens ?
Félix Tshilombo a promis, dans son programme, de ramener le budget de l’État à 86 milliards de dollars. Par quel mécanisme, il ne l’a pas expliqué. À Kananga, il a promis qu’il rendrait effective la gratuité de l’enseignement primaire et secondaire. Un rêve qui, depuis un demi-siècle, ne s’est jamais réalisé en RDC.
L’autre candidat qui ne sort aussi que des chiffres et des promesses folles, c’est Martin Fayulu. Il s’illustre en se forgeant une image de piété. On l’a vu embrasser le sol à chaque descente d’avion, comme à Goma et à Beni. Il fait d’une « prière trois coups ». En évitant de prononcer le mot « Jésus », il unit à la fois chrétiens, musulmans et fétichistes congolais avec ses multiples génuflexions et baisers au sol. Ses tweets passent et finissent par « la volonté de Dieu ». Dans ses discours, il parle de Dieu sans rien dire de concret sur son programme.
Des promesses sur mesure et sur commande
Tous nos candidats font des promesses taillées sur mesure. A Beni on promet de mettre fin aux massacres. Au Katanga on promet que chaque citoyen bénéficiera des dividendes des minerais ; au Kasaï on promet que les diamants ne sortiront plus par fraude… On n’entend aucun débat sur les programmes des candidats. Ils improvisent simplement des choses selon l’endroit où ils se trouvent. Ce qui est regrettable, c’est que depuis 2006 c’est toujours ainsi que nos candidats se comportent. Ils promettent le ciel et la lune aux populations, puis juste après les élections ils oublient tout.
Chers candidats, le Père Noël nous apportera nos cadeaux, vous devriez vous concentrer sur des programmes réalistes et vrais plutôt que nous vendre des rêves.