Il y a des chanteurs qui meurent et qui peuvent se faire oublier. Mais Papa Wemba est inoubliable. Tout simplement parce qu’il était un artiste hors du commun. Aujourd’hui, 4 ans après sa mort, le devoir de mémoire m’oblige à partager ses souvenirs.
Ce fut un certain 24 avril 2016 en plein festival de musique d’Anoumabo à Abidjan en Côte d’Ivoire que le roi de la rumba congolaise tira sa révérence. Je m’en souviens comme si c’était hier. La particularité de sa disparition tragique c’est qu’il est mort sur scène. Quand j’y pense, mon cœur saigne ! Papa Wemba est venu au monde avec un don extraordinaire de chanter, et ce jour-là à Abidjan, il s’en est allé en chantant. Paix et honneur à son âme !
Il était également le roi de la sape
Ce digne fils de Lubefu dans le Sankuru était un artiste complet. Comme on dit, il avait plusieurs cordes à son arc : il était beau de figure, il avait une belle voix que tout le monde essayait d’imiter, il savait danser et égayer le public. Ses mélodies restent aussi envoutantes qu’inoubliables. Et par-dessus tout, Jules Shungu Wembadio Pene Kikumba, de son vrai nom, était aussi un pratiquant de la sapologie. Cet art de bien s’habiller, le culte de l’élégance. Quand il montait sur scène, il n’y avait pas que sa voix qui éblouissait le public, son habillement aussi. Roi de la rumba, roi de la sape également. Aujourd’hui, même après sa mort, personne ne peut le lui contester.
Perdre quelqu’un comme ça alors qu’il n’avait pas encore vieilli, cela me brise le cœur ! Il n’avait que 67 ans. La nation congolaise avait encore besoin de lui.
Un grand artiste, mais qu’en fait le gouvernement congolais ?
En RDC, les grands hommes n’ont jamais bénéficié de l’honneur et de la considération qu’ils méritent. C’est la faiblesse de tous les gouvernements qui se succèdent à Kinshasa. Ils politisent tout, même les deuils ! Je pense que Papa Wemba mérite mieux. Pourquoi pas un boulevard à son nom ? Pourquoi ne pas construire un énorme studio de musique portant son nom ?
Le chef du village Molokai a marqué des générations : des jeunes comme des vieux. Au Congo, en Afrique comme dans le monde. Il a hissé haut la culture congolaise à travers sa voix. L’homme était également un grand acteur de cinéma. Son film La vie est belle résonne encore jusqu’à ce jour. Papa Wemba, paix à ton âme !