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Le changement, une question de tours ?

Le changement, est-ce une question de dire : c’est mon tour, j’y suis et j’y reste ? En tout cas en RDC, les choses semblent aller dans ce sens. La preuve : je viens de suivre une réthorique qui renvoie à une autre plus récente : le « wumela ! » Chanté hier par le camp de Joseph Kabila, aujourd’hui le slogan est repris par les partisans de Fatshi. 

Un responsable de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), l’actuel parti présidentiel, déclare que son parti est au pouvoir pour encore « 370 ans ». Si sur la forme, une telle déclaration relève de l’humour, sur le fond il y a de quoi s’inquiéter.

Trois décennies de lutte, mais pourquoi ?

Il faut rappeler que le parti du président Félix Tshisekedi a passé plus de trois décennies dans l’opposition. La moitié d’une vie, pour plusieurs, à se battre pour un idéal qui a fait des morts, des blessés et des affamés. L’UDPS a tout promis quand elle était dans l’opposition. Depuis 2019, ce que le père n’a pas réussi à faire, le fils, Félix Tshisekedi, l’a fait, à savoir : devenir président de la République. Le moment a tout le potentiel pour être historique et plein de rêves.

Hélas, trop vite, la réalité a rattrapé le rêve. Une fois au pouvoir, les gens changent. Les idéaux ou les rêves aussi. La démocratie peut s’accommoder des rêves et non pas l’inverse. C’est l’homme qui compte, et non pas les principes qui gouvernent les humains. 

370 ans, pour dire une éternité ?

Dire qu’on ambitionne de rester au pouvoir pendant 370 ans, c’est une manière de dire qu’on ne va pas quitter le pouvoir ! En d’autres termes, qu’on ne va pas respecter la Constitution qui dit que le président ne peut faire tout au plus que deux mandats.

Pourtant, la seule volonté de rester au pouvoir ne suffit pas. A moins de se substituer au peuple et à la Constitution. Ce qui, de toute évidence, s’éloigne des principes même de la lutte démocratique menée par l’UDPS.

En démocratie, en effet, une quête du pouvoir se remet non seulement à la volonté du peuple, mais aussi doit tenir compte du fait que ce dernier peut librement effectuer des choix en faveur d’autres camps ou acteurs politiques.

Au final, cette façon de concevoir le pouvoir par certains membres de l’UDPS nous renvoie malheureusement à ce que le pays a vécu sous le régime du maréchal Mobutu ou celui de Joseph Kabila.

A l’UDPS comme à la Mouvance présidentielle et au FCC ?

Souvent, ce sont des systèmes politiques où des individus pensaient et décidaient à la place du peuple. Or, lorsque les militants de l’actuel parti présidentiel critiquaient les autres, avaient-ils de bonnes idées ? Si ce n’est pas parce qu’on croit que le changement consiste à prendre le siège de celui qui gère la chose publique et qu’on envisage remplacer, pourquoi en seulement deux ans de pouvoir, des officiels multiplient des signes d’une volonté qui les font ressembler aux régimes critiqués avant ?

Soyons le changement que nous voulons voir venir. C’est plus simple ainsi de changer, plutôt que d’attendre que les autres le fassent.

 

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