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La collection Verbeek-Mwewa : une mise en dialogue avec ses communautés d’origine

La question de la mise en dialogue de la collection Verbeek-Mwewa avec ses communautés d’origine trouve sa réponse dans l’exposition « Tuna kumbuka ! ». Cette exposition ira jusqu’au 31 juillet 2023 au centre d’art Biasasa de la Katuba à Lubumbashi.

Tuna kumbuka qui veut dire « Nous nous souvenons » en swahili, est l’aboutissement d’un travail de longue haleine, effectué par le centre d’art Waza. Si le père Léon Verbeek a ouvert sa collection au public grâce à la médiation menée par le centre d’art Waza, c’est avec le soutien de la Fondation Roi Baudouin (New Generation Fund) et du programme Modern Endangered Archives Program de UCLA Library. C’est également grâce au financement d’Arcadia, un fonds philanthropique de Lisbet Rausing et Peter Baldwin.

Le rôle social des musées

Beaucoup d’entre nous le disent : « Un musée qui cesse de faire rayonner les connaissances, est un musée mort ! » C’est pourquoi l’idée d’exposer dans un quartier d’une commune populaire comme la Katuba, est salvatrice pour cet art populaire. Elle permet, comme nous le rappelle Patrick Mudekereza, directeur du centre d’art Waza, de « reconnecter les populations à cet art qui disparait des maisons lushoises ».

Les photographies et autres toiles exposées sont regroupées selon quatre thématiques différentes : paysages et scènes de vie, mythes et traditions, événements historiques et portraits. Pour faciliter la médiation, créer des liens de réflexion et de partage des connaissances entre ladite collection et ses communautés d’origine (des lieux où elle a été constituée), deux grands noms du monde des arts, ont été conviés à la fête. Il s’agit des Maliens Samuel Sidibe et Baba Fallo Keita, tous respectivement, anciens directeur du musée national du Mali et directeur de l’Ecole du patrimoine africain (EPA).

Les communautés se souviennent…

Venus en nombre répondre à l’invitation du centre d’art Biasasa, les communautés de la Katuba et d’autres communes de la ville de Lubumbashi, ont manifesté leur joie de (re)voir des toiles issues de l’art populaire qui autrefois ornaient leurs logis. « Ça me fait penser à mon défunt père », s’exclame Mwange, une dame un peu perdue dans ses pensées devant le portrait accroché de Moise Tshombe, ancien président sécessionniste du Katanga.

Elle renchérit : « Mon père avait tellement d’admiration pour cet homme, que l’on trouvait son portrait dans chaque coin de notre maison. » Et d’ajouter : « C’est grâce à mon père et à sa collection d’images que j’en sais un peu plus sur cette personnalité de l’histoire politique de notre pays. »

Les enfants n’ont pas manqué de marquer leur présence. Très vite, ils se sont regroupés autour de Maryse Mandaila, romancière lushoise, pour en apprendre davantage sur ces toiles qui jonchaient les murs des maisons et autres édifices où vivaient leurs parents et grands-parents. « Nous avions le tableau de Mamy-Wata (la sirène) accroché sur le mur de notre salon qu’un pasteur est venu bruler », témoigne Théo, un garçon d’environ quinze ans. Le jeune-homme parle des raisons évoquées par le pasteur qui a détruit l’œuvre d’art : « Il disait que ça apportait l’esprit de femme et mari de nuit chez nous. »

Comme quoi la collection Verbeek-Mwewa nous rappelle tant d’histoires. Des histoires vécues dans notre enfance. Les autres témoignages sur cette exposition, sont inscrits sur le mur noir aménagé pour la circonstance, au centre d’art Biasasa et sur Waza radio, le web radio du centre d’art Waza. Tuna kumbuka !

 

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