Dans la communication de crise, il faut un triptyque parfait pour que le message soit à la fois homogène et efficace. En d’autres termes : une seule tête, une seule voix et un seul message.
En RDC, la maladie à virus Ebola, a révélé l’importance que revêt la communication dans l’aide à la riposte. De nombreux groupes sur les réseaux sociaux ont contribué à radicaliser les citoyens contre les efforts de vaccination en diffusant des fake news : maladie imaginaire, complot orchestré par des forces étrangères pour forcer le déplacement des populations… Finalement, ce que beaucoup ont qualifié d’Ebola business était devenu une réalité pour de nombreux habitants de l’est du pays. Eux qui avaient adopté des attitudes facilitant la propagation de l’épidémie comme le non-respect des normes sur les rites funéraires, l’attaque des agents et des centres de riposte ou l’automédication.
La rumeur, amplifiée par les réseaux sociaux, a fait de cette 10è épidémie d’Ebola, la plus longue que la RDC ait eu à gérer depuis 1976.
Puis vint le coronavirus
L’apparition du coronavirus en RDC a elle aussi fait les frais des failles des institutions dans la gestion de la communication de crise. Dès la détection du premier cas, les tergiversations sur la nationalité du patient ainsi que le déni de ce dernier sur son état, ont jeté le doute. Le tweet de la députée Eve Bazaïba, qualifiant d’arnaque la gestion du patient zéro n’a fait que raviver les incertitudes.
Puis, la situation va vite déraper. À Lubumbashi, deux cas d’abord confirmés puis démentis… Les rumeurs sur des cas de négligence dans le traitement des patients internés, la mise à jour tardive concernant l’évolution des cas et la mesure de confinement décidée puis reportée par les autorités provinciales de Kinshasa, après que le chef de l’Etat ait décrété l’état d’urgence… tout ça contribue davantage à créer un fossé de malentendus entre les autorités et la population, fossé qui risque de jouer le jeu du virus et de favoriser sa propagation.
Confier la tâche aux spécialistes
La communication de crise est un domaine qui nécessite une expertise éprouvée. Le gouvernement devrait sérieusement penser la sous-traiter à des sociétés congolaises spécialisées. Avec 40 millions d’abonnés mobiles et 16 millions d’internautes, le tout sur 80 millions d’habitants, le compte Twitter du ministre de la Santé ne devrait pas être l’unique source officielle d’information sur le covid19, à côté des points de presse du professeur Muyembe.
Une stratégie 360° mieux rôdée est nécessaire pour faire prendre conscience à la population du danger, car le durcissement des mesures prises par le chef de l’Etat, surviennent après le constat que la population kinoise adoptait une attitude qui minimisait la dangerosité de la menace.
Malgré toutes ces défaillances, la menace du covid-19 est réelle et doit être prise avec sérieux. Aux morts déjà dénombrés, s’ajoutent les victimes de la désinformation autour de cette pandémie.
Au gouvernement de se remettre en question et de changer de cap.