La nomination le week-end dernier, du président du Conseil national de suivi de l’accord de la Saint-Sylvestre (CNSA) ne fait pas l’unanimité. Chaque chapelle politique en fait une analyse prévisible…
La politique congolaise actuelle est réputée percluse d’immobilisme. À bien y regarder, le ballet des politiciens est un manège qui tourne en rond, comme cette attraction foraine constituée de chevaux de bois qui cavalent en boucle, au grand plaisir de bambins qui galopent sans aller nulle part.
Les citoyens de RDC en ont assez d’être traités comme des enfants dont on détourne l’attention avec un mouvement qui fait du surplace… Dans ce déplacement en trompe l’œil figure en première ligne la création de commissions ou de conseils qui surgissent comme des poupées gigognes. On prend les mêmes et on recommence. Ou plutôt : on prend les mêmes procédés politiciens, avec des têtes différentes, pour mieux recommencer.
« Une escroquerie politique »
Aux yeux de ceux qui reprochent aux autorités de tarder dans l’application des décisions du 31 décembre dernier, le pouvoir brandit, en ce début de semaine, la nomination du Conseil national de suivi de l’accord de la Saint-Sylvestre (CNSA). Samedi 22 juillet, une réunion pilotée par les présidents des deux chambres du Parlement entérinait cette structure d’appui à la démocratie prévue à l’issue des négociations entre le régime et le Rassemblement de l’opposition, aux derniers jours de 2016.
Mais c’est encore le choix des hommes qui fait polémique, exactement comme en avril dernier, quand Bruno Tshibala accédait à la tête du gouvernement. Car il y a pire, pour l’opposition, que la désignation d’un membre de la majorité à un poste clef. C’est la nomination d’un « opposant » jugé illégitime, du fait d’une démarche individuelle de ralliement ou du manque de conformité du nommé avec les principes d’une opposition irréprochable.
Plusieurs opposants n’entendent pas l’argument du pouvoir de Kabila selon lequel la nomination de Joseph Olenghankoyi à la tête du CNSA respecte les principes de partage des postes entre la majorité présidentielle, l’opposition signataire de l’accord du 18 octobre, la société civile, l’opposition républicaine et le Front pour le respect de la constitution. Pour l’opposition dite « historique », notamment celle dont fait partie Christophe Lutundula, les nominations de samedi sont un leurre, voire une « escroquerie politique ». Pire : un promu critique lui-même sa propre nomination. Le président de l’UNC Vital Kamerhe refuse, en effet, le poste de vice-président du CNSA, indiquant qu’il n’est « pas un enfant qu’on nomme comme ça sans consulter ».
Ne pouvant être applaudi par personne, le régime s’applaudit lui-même
Le manège politique continue donc de tourner comme à l’accoutumée : le régime s’applaudit lui-même pour avoir fait un pas dans la direction de l’application d’accords que l’on disait anesthésiés. L’opposition radicale enrage de la politique du « diviser pour mieux régner ».
La population, elle, se demande à quels gestes concrets ces nominations contestées pourraient bien aboutir, d’autant que la majorité présidentielle elle-même précise que les actes du week-end sont « réputés provisoires, en attendant le vote de la loi organique ». On n’est pas loin du dialogue de sourds, sachant qu’il n’y pas plus sourd que celui qui refuse d’entendre…