Le prêtre catholique attire l’attention du président de la République sur les atrocités qui se déroulent au Nord-Kivu. Il attire aussi l’attention sur ces femmes, violées et assassinées au quotidien. Il m’est difficile de ne pas citer quelques passages de cette lettre émouvante :
« Je sais que vous êtes débordé par vos responsabilités présidentielles et l’agenda de vos partenaires et parrains politiques. Vous êtes donc un président important. (…) Toutefois, ces lignes griffonnées pour vous s’adressent d’abord à un homme. (…) Si cet homme à qui j’écris est président de la République, il l’est pour gouverner les peuples. Et pourtant, les morts se comptent en millions. (…) A ce rythme, vous, cet homme, risquez de devenir le président des morts, le président des cimetières, le président des fosses communes. Êtes-vous toujours apte et compétent pour entendre ces cris des humains de Beni ? Si vous êtes toujours compétent et que vous n’agissez pas, la logique de la complicité risque de vous accuser (…). »
Douleur et colère
Après la lecture d’une telle lettre, comment ne pas réagir ? Il faut avoir une pierre à la place du cœur pour rester insensible à une telle situation. La population de Beni vient de manifester son ras-le-bol en brûlant les drapeaux du PPRD, le parti du chef de l’État ! Comment expliquer une telle inertie de la part du gouvernement, qui laisse la population se faire massacrer ? Pourquoi tant d’indifférence ? Les obsèques de papa Wemba ont été largement médiatisées, de même que les démêlés judiciaires de Moïse Katumbi, mais silence radio sur le drame qui se joue à l’Est de la RDC ! Un silence assourdissant ! Même la RTNC, la radio-télévision nationale congolaise n’en parle pas !
Toujours aucune solution face à l’horreur
Le drame qui se joue à l’Est de la RDC est d’autant plus incompréhensible que le Kivu joue un rôle important dans les prises de décisions politiques, militaires, judiciaires et économiques en RDC. Le chef de l’État est à moitié Katangais par son père, à moitié Kivutien par sa mère. Le premier ministre Matata Ponyo est voisin du Kivu (Maniema). Il ne peut rien ignorer de cette région. Un grand nombre de ministres, d’officiers militaires, de hauts magistrats, de gestionnaires d’entreprises sont des ressortissants du Kivu. Est-ce parce qu’ils sont en sécurité à Kinshasa qu’ils laissent massacrer leurs frères à Beni ? Les survivants commencent à se demander s’ils font encore réellement partie du territoire national !
Quinze ans de règne du président Kabila et toujours pas de solution face aux horreurs qui se produisent à l’Est du pays : des enfants broyés à coups de marteau, des hommes, des femmes et des vieillards ligotés et égorgés, tués à coups de machette ! Comment ne pas pousser un formidable coup de gueule après le pathétique cri du cœur du père Gaston Mumbere ?