Deux sources et deux informations opposées sur un sujet unique. L’Organisation mondiale de la santé mène la vie dure au ministère congolais de la Santé dans la gestion de la crise du coronavirus. L’institution de Genève fait une communication parallèle, contradictoire et susceptible de discréditer la campagne des autorités congolaises contre le Covid-19 et provoquer une méfiance des populations.
Mardi 31 mars 2020 : l’OMS a publié sur son compte Twitter un bulletin de la situation de la pandémie en RDC, donnant un bilan de 9 morts contre 8 pour le gouvernement. Chiffre rectifié dans les minutes qui ont suivi. Mais, cette erreur ne semble pas être un simple lapsus. Car, au cours de la même journée, cela s’est reproduit au moins une fois de plus.
Est-ce un manque de filtrage ? Si c’est le cas, qu’est-ce qui justifierait la précipitation dans la communication de l’OMS décidément encline à devancer le ministère ?
Manque de professionnalisme ou intention de court-circuiter les autorités ?
En présumant la bonne foi de l’OMS, l’on peut isoler les communications litigieuses et considérer qu’il y a eu manque de filtrage. Mais pour cela, il faudrait que l’OMS s’en excuse ouvertement, ce qui n’a pas été le cas. Autrement, il y aurait un agenda caché derrière cette communication biaisée.
Le principal enjeu pour le moment ne serait-il pas la perspective du financement de la riposte par la communauté internationale ? Le gouvernement de la RDC pourrait-il être tenté de gérer seul ou d’avoir le dernier mot sur les fonds attendus ? Une telle probabilité ne rencontrerait pas forcément les plans de l’OMS qui se verrait bien superviser l’opération. Quoi de mieux que de court-circuiter par avance un « adversaire », un « concurrent » ?
Communication bradée pour privilégier la souveraineté des deux parties ?
Doit-on sacrifier des vies des Congolais sur l’autel des intérêts ? Pourquoi ne pas unifier la communication sur la riposte et la laisser être coordonnée par les autorités du pays ? Pour cette heure, les deux parties se prévalent de leur souveraineté respective, en vertu de laquelle l’OMS ne soumet pas ses données à l’authentification de l’Etat congolais. Mais un tel caprice pourrait empoisonner la campagne. Une guerre des chiffres avec le Comité multisectoriel de riposte jetterait un discrédit sur le travail des autorités. Il y a à craindre.
Au-delà de la pandémie elle-même, les dirigeants doivent faire face à la psychose. Le comportement psychologique est devenu très fort, dans un pays où le coronavirus exacerbe déjà la misère. Une cacophonie sur la communication de crise serait malvenue. Il est temps que la RDC use de sa toque et édicte ses règles de jeu sur son territoire et pour son peuple. Il y a urgence !
L’OMS n’a pas contrarié l’Iran ou la Chine sur les chiffres du Covid-19
Les médias occidentaux ont accusé la Chine tout comme l’Iran de minimiser les chiffres de la pandémie sur leurs territoires. Certains organes de presse ont instamment été bannis de deux États qui voulaient garder la maîtrise de l’information. L’OMS n’a jamais eu le même acharnement sur Pékin et Téhéran. Car, malgré tout, pour une crise de cette envergure, le bon sens voudrait que les nations jouissent de la plénitude de leur liberté pour se préserver. La RDC doit rejeter ce paternalisme et exiger d’être respectée.