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Covid-19 et les écoles à Lubumbashi : infos, infox et incrédulité

La RDC reste en alerte, plus d’un an après son premier cas positif de coronavirus. L’OMS vient de déclarer une « troisième vague » à Kinshasa et la population redoute de nouvelles restrictions. Entre-temps, les écoles doivent fonctionner. Mais que savent réellement élèves et enseignants sur cette pandémie ?

J’ai visité quelques écoles à Lubumbashi pour voir ce qu’elles pensent du coronavirus. Ce que les enseignants que j’ai croisés m’ont dit est à la fois incohérent et déformé comme information. Pire, plusieurs élèves ne savent presque rien de cette pandémie, en dehors des concepts comme confinement, corona ou la Covid-19. Mais pas leurs sens !

Pour certains, c’est juste laver les mains autant qu’ils le peuvent, et porter un masque. Pourtant, il est démontré que les plus jeunes propagent rapidement le virus. Ne pas bien les informer, c’est non seulement les exposer, mais aussi exposer la communauté.

Dans la commune de Katuba, l’infox à la place de l’info

À moins de dix de kilomètres du centre-ville de Lubumbashi, j’ai été reçu à l’Athénée de Katuba. Une grande école publique de cette municipality. La pandémie a beau être mondiale, mais ici, c’est à peine si on y croit même ! Ce sont plutôt les rumeurs qui se portent bien.

Mon constat est que le préfet de cette école croit avoir la bonne information, mais dit plutôt autre chose. Selon lui, « il y a un problème de crédibilité avec le coronavirus. Les premières contradictions sur cette maladie ont prouvé que c’était un jeu politique ». Et il le dit avec conviction.

À ma question de savoir ce qu’il transmet exactement à ses élèves comme information sur la pandémie, le préfet répond : « J’ai estimé que les mesures qui ont été imposées n’étaient pas nécessaires. Car dans les statistiques, nous n’avons pas entendu que cette maladie frappait les élèves. » J’avoue que je n’en croyais pas mes oreilles !

Cette désinformation n’a pas aidé les élèves à changer leurs pratiques quotidienne face à la circulation du virus. Je l’ai aussi perçu dans les propos de Dimercia Banza, élève finaliste de cette école. « J’ai entendu parler du coronavirus seulement à la radio et à la télé. Mais dans notre école, nous sommes allés en confinement [en 2020], et c’est tout », m’a-t-il dit.

Plus grave, Sarah Kiyungu, également élève dans cet établissement, déclare : « Dans notre école, on entre en classe sans cache-nez, sans se laver les mains ! »

L’information à deux vitesses ?

De retour au centre-ville, je visite le collège Imara, tenu par des prêtres catholiques. Ici, j’ai l’impression d’être dans une autre ville. Car, à l’inverse de l’Athénée de Katuba, les élèves d’Imara semblent bien in formés sur la pandémie.

« Nous avons parfois peur, mais nous savons comment nous comporter entre nous », explique l’élève Joël Kitungwa. Il parlait avec une telle assurance que j’ai décidé de rencontrer un des responsables pour savoir comment ils ont pu échapper aux infox.

Dans son bureau, le directeur des études, Jacques Kabange, est clair. « La pandémie est une maladie universelle et chacun doit avoir une idée sur elle. Il y a des rumeurs fondées ou pas sur cette maladie, mais elle existe », soutient l’enseignant. Il recommande un esprit critique pour ne pas tomber dans le piège.

Dans son école, Jacques Kabange s’assure toujours que les mesures barrières contre la propagation de la pandémie sont observées. Et en écoutant les élèves, la peur est plutôt que l’année scolaire soit encore interrompue.

#Covid19NeNousDiviseraPas

 

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