D’où vient l’idée des cuiseurs solaires pour les habitants de Goma?
Janvier Kamundala : Je suis d’abord un amoureux fou de l’énergie solaire. Et je fais partie du réseau Africain de l’énergie solaire (RASOL). C’est avec le coordinnateur de ce réseau, le professeur Egbe Daniel, que nous avons trouvé que le cuiseur solaire était une solution alternative pour réduire l’utilisation du charbon de bois dans les pays en développement comme ici.
Nous sommes partis de calculs simples : Il faut six kilos de bois pour faire une pyrolyse. Et un kilo de charbon pour cuire un repas. Dans ma ville de Goma, un ménage utilise en moyenne dix sacs de charbons de 25 kilos par an. En 2012 il y avait près de 1,3 millions d’habitants. Donc 130 000 ménages en moyenne. Ce qui donne près de 200 000 tonnes de bois par an.
C’est énorme au regard de la situation actuelle du réchauffement climatique ! Et c’est sans compter le bois utilisé dans les villages périphériques. Avec le cuiseur solaire, on peut diminuer de moitié cette consommation.
Comment fonctionne le cuiseur solaire ?
Janvier Kamundala : Le mécanisme est simple. On cherche à concentrer les rayons solaires en un point. C’est là le foyer. Et c’est aussi là qu’on mettra la casserole. Aucun fil électrique n’est utilisé. Le modèle plus simple se fabrique avec des cartons, du papier aluminium et de la colle liquide. Il a été créé par un français, c’est le « Cook It ».
Quelle est la puissance de ce système en termes de la chaleur ?
Janvier Kamundala : On atteint entre 82 et 121 degrés ! C’est assez pour cuire certains aliments et pour pasteuriser l’eau afin d’éviter au maximum les maladies hydriques. Cela ne suffira pas pour frire par contre. Mais avec un « box solaire » ou un cuiseur parabolique, on peut atteindre les 250 à 300 degrés, c’est assez pour cuire et frire !
Quel est le prix moyen d’un cuiseur solaire ?
Janvier Kamundala : C’est là l’intérêt de cette technologie. Elle est efficiente et accessible à 7 dollars pour le model le plus simple. Comme le « Cook It », qui peut fonctionner une année avec un maigre coût d’entretien de 3 dollars par an. Mais les modèles les plus performants vont jusqu’à 500 dollars.
Cette technologie a-t-elle des limites ?
Janvier Kamundala : Oui. D’abord, tout naturellement, il n’y a pas de soleil tous les jours. Puis vous ne pouvez pas l’utiliser à l’intérieur des maisons. Aussi, on ne peut que préparer le repas du midi. Car le soir et aux aurores il n’y a pas de soleil. Le temps de cuisson est aussi doublé. Si au charbon c’est 15 minutes pour cuire du riz, il en faudra trente avec le cuiseur solaire ! Mais nous travaillons à son amélioration.
J’aimerais un jour créer une ONG qui distribuerait les « Solar Cooker » gratuitement aux populations les plus consommatrices de bois. Et former des menuisiers locaux qui pourraient les fabriquer et les vendre à moindre prix. Je veux prouver qu’on peut cuire avec le soleil tout en protégeant notre environnement.
J ai bessoin d un rechaud solaire.