Quand je dis révision de la Constitution, que les partisans du régime ne s’en réjouissent pas : ce n’est pas pour vous ajouter un troisième mandat. Détrompez-vous ! C’est plutôt pour réhabiliter le deuxième tour du scrutin présidentiel. Vous aviez amputé de la Constitution l’article 71 qui contenait ce second tour. L’heure est venue de le rétablir.
Vous savez, je n’aime pas l’élection à un seul tour. Celle de 2011 a permis au pouvoir actuel de se maintenir sans véritable légitimité. Un tour unique c’est comme un tour de passe-passe où seul le prestidigitateur passe. Pas besoin de majorité absolue (50+1voix) pour se faire élire : une majorité simple suffit. Même avec 20% de voix on devient chef de l’État.
Une pétition sans lendemain
« Le deuxième tour offre toujours une seconde chance »
En avril 2015, l’opposant Hamuli Réty du parti CRID (Convention pour la République, les institutions et le développement) avait lancé une pétition réclamant une révision de la constitution, pour que le pays revienne au système d’élection présidentielle à deux tours. Dommage que sa pétition n’ait pas fait long feu.
Pourtant, l’opposition devrait savoir qu’avec sa manière de compétir en ordre dispersé, d’aligner dix mille candidats, elle aura beaucoup de mal à battre un candidat du pouvoir dans un scrutin à tour unique. Le deuxième tour offre toujours une seconde chance.
Le second tour est nécessaire quand il y a trop de candidats
Je pense qu’ils ont vraiment raison ces experts en droit constitutionnel, quand ils soutiennent que l’élection à tour unique convient bien à des pays comme les États-unis où seuls deux partis politiques s’affrontent : les démocrates et les républicains. Ce système est inapproprié pour la RDC qui compte à elle-seule plus de 470 partis politiques dont chacun tient à présenter son candidat. La preuve, en 2006, il y avait 33 candidatures à la présidentielle. Oui, il faut une révision de la constitution pour restaurer le second tour.