Mbujimayi est une ville qui regorge de gros gisements de diamant. L’exploitation de ce minerai est interdite dans les zones habitées. Hélas, les creuseurs clandestins passent outre cette interdiction et continuent à creuser. Bipemba, une des communes de Mbujimayi, est aujourd’hui le théâtre de cette extraction clandestine du diamant qui a déjà détruit plusieurs quartiers.
Nous sommes au quartier Ntambua Kasanzu à l’ouest de Mbujimayi. Ici on trouve plusieurs puits de diamant dans les zones habitées. Le phénomène prend des proportions inquiétantes et le quartier est en danger. Les habitants vendent eux-mêmes leurs parcelles d’habitation aux creuseurs qui les détruisent pour chercher le diamant. On creuse souvent la nuit pour échapper à l’attention de la police. Certains puits et galeries souterraines sont creusés dans les chambres à coucher, dans le salon… Si bien qu’à l’extérieur personne ne peut savoir ce qui se fait dans la maison.
Conséquences : le quartier est transformé en une carrière minière informelle. Parfois cela se fait en complicité avec certaines autorités.
Un creuseur clandestin témoigne sous anonymat : « Nous n’avons pas d’emplois au Congo. Je creuse le diamant pour vivre avec ma famille. C’est interdit de le faire en milieu habité mais nous fraudons un peu ! Il y a trois mois j’ai ramassé un diamant de deux carats et maintenant je paie d’autres jeunes pour creuser pour moi. » D’autres creuseurs disent être protégés par certaines personnalités du pouvoir. « Vous dites que c’est interdit de creuser en ville, mais ce sont les autorités qui nous envoient. Elles nous disent de ne rien craindre, car même si on nous arrête elles interviennent et on nous libère sans tarder », affirme un jeune creuseur clandestin.
Bipemba, une commune en voie de disparition ?
Quand vous arrivez dans la commune de Bipemba, vous avez l’impression d’être dans un champ de ruines. Les puits et les galeries souterraines creusés ici et là sont abandonnés sans être remblayés. Imaginez des trous béants de 8 à 10 mètres de profondeur. Du coup, ils deviennent un véritable danger pour la population. Des personnes sont tombées dedans à plusieurs reprises. Mais ces trous deviennent aussi des repères de serpents et de bandits.
Tous ces trous sont à l’origine de plusieurs ravins dans la commune de Bipemba. Une femme se plaint de sa parcelle menacée par un ravin : « Les jeunes gens creusent en amont et quand la pluie tombe ce sont des ravins qui se créent partout. On est obligé d’aménager dans un autre quartier parce qu’à la prochaine pluie, notre maison risque de s’écrouler. »
Le chômage, le plus grand fléau
A l’heure actuelle, Bipemba est l’une des communes les plus touchées par le phénomène de ravinement à Mbujimayi. Ce qui fait dire à certaines personnes qu’au rythme où se créent les ravins à Bipemba, cette commune risque de disparaître prochainement de la carte de la ville de Mbujimayi. Pour monsieur Ngandu Mpoyi, un habitant du quartier Ntambwa Kasanzu, la faute incombe à l’Etat congolais : « C’est à l’Etat de donner des emplois aux jeunes. Ils n’ont rien à faire et ils passent leur temps dans les mines. Aujourd’hui, ils creusent dans les quartiers au vu et au su des autorités. Il y a même des enfants qu’on retrouve parmi les creuseurs clandestins. »
Le gouvernement provincial du Kasaï-Oriental condamne cette pratique d’exploitation du diamant dans les quartiers habités à Mbujimayi, mais ne fait pas assez pour stopper le phénomène. Il faut des mesures fortes pour décourager cette pratique.
Il est impérieux d’encadrer ce genre d’activités et surtout de créer de l’emploi pour la Jeunesse et cela passe entre autres par l’entrepreneuriat…