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Discours de Macron à Ouaga : une histoire de blague pourrie

Tandis que l’Afrique francophone toute entière s’émouvait du fait qu’Emmanuel Macron s’est montré un  tantinet condescendant vis-à-vis de son homologue burkinabè, le président français s’est défendu au cours d’une interview à France 24. De son point de vue, il s’agissait ni plus ni moins d’un trait d’humour. Chose confirmée par Roch Marck Christian Kaboré. Devrait-on cesser de décrier le discours de Ouagadougou pour autant ? Je ne pense pas.

Alors que les médias français annonçaient en grande pompe le projet d’une adresse d’Emmanuel Macron à la jeunesse africaine, je me suis tout de suite méfié. Les propos malheureux de son prédécesseur Nicolas Sarkozy lors d’un exercice du genre m’avait déjà convaincu que rien d’intéressant ne peut sortir de la bouche d’un président français dont la mission est de s’occuper avant tout des problèmes de ses électeurs.

J’ai donc préféré aller faire mes courses plutôt que de prendre place devant ma télé. Mais devant les réactions indignées sur les réseaux sociaux, j’ai décidé de regarder en différé son intervention. Et le moins que je puisse dire c’est que j’aurais dû quand même suivre comment l’hôte des Burkinabè allait nous amuser avec ses blagues nulles.

Une question idiote et une réponse hors sujet

On a tous vu cette jeune étudiante qui, éloquente devant l’éternel, a commencé par rappeler que l’amphithéâtre dans lequel se tenaient les échanges fut construit par Mouammar Kadhafi. Ce même Kadhafi qui fut tué après les interventions en Libye des armées occidentales dont celle de la France. Ensuite on a vu cette étudiante se permettre de demander à Macron si la climatisation allait désormais marcher dans son université après l’inauguration d’une centrale solaire. On l’a tout de suite compris, la question n’aurait jamais dû être posée.

Mais le répondant s’y est lui-même pris un peu à la légère. C’est un Emmanuel Macron suffisant qui a pris la parole pour débiter des propos qui ne feront jamais rire. Franchement, si pour lui il s’agissait là d’amuser un peu la galerie, je pense que c’est raté. « Je ne veux pas m’occuper de l’électricité dans les Universités au Burkina Faso » a-t-il dit.

Monsieur le président quelle est la relation entre la question et la réponse ?  Personne ne vous a jamais demandé de vous occuper des Universités du « pays des hommes intègres ». Après je m’en fou que vous ayez dit que votre homologue burkinabè devait aller s’occuper de la climatisation. Si lui-même n’y a vu aucun impair, qui suis-je pour donner mon avis là-dessus ?

Les Africains esclavagistes d’autres africains

L’épisode de la climatisation a peut -être éclipsé cet autre épisode où notre Macron parle des Africains qui mettent en esclavage d’autres Africains. Pour décharger une fois pour toute l’Occident dans le drame des migrants vendus en Libye, il a demandé qu’on lui montre un seul Allemand, Belge ou Français qui serait impliqué dans cet odieux commerce. Le comble !

Et moi je vais demander à Monsieur le président de me montrer un seul Malien, Nigérian ou Ivoirien qui a été impliqué dans la guerre en Libye. Cette guerre dont le lien avec le drame actuel des migrants africains est établi. Votre réponse m’a donné l’impression que vous êtes juste venu demander au continent noir de se démerder seul. Et cela témoigne de votre manque d’humanité.

Pour tout dire, je pense qu’il faut oublier le discours de Macron. Et surtout jamais plus un Président français ne devrait se donner pour ambition de venir parler aux jeunes africains. D’ailleurs leurs propres présidents ne leur parlent jamais. Les jeunes africains seront sans doute bâtisseurs de leur propre avenir.

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