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Diviser les Kasaïens pour mieux régner

Il semble qu’en RDC le verbe diviser soit le meilleur moyen de mieux régner quand on a perdu toute légitimité populaire. C’est en tout cas mon opinion. Le régime de Kinshasa semble avoir choisi cette option depuis qu’il est au pouvoir : diviser les Kasaïens, les Katangais, le Rassemblement, la Constitution, l’accord du 31 décembre… Et ça marche très bien pour le régime.

Un vieux Katangais, dégoûté de la politique congolaise, m’a dit un jour : « Fils, chaque peuple a sa nature : les Kinois sont des voleurs, les Katangais des traîtres et les Kasaïens des vantards et des opposants obstinés. Ils s’opposent même à Dieu. » Eh oui. Seulement, le vieux ne savait pas que je suis moi-même Kasaïen et que je m’opposais radicalement à ce qu’il disait. Mais je pense qu’il a peut-être raison.

Loin de moi de me mêler ici des problèmes identitaires ou ethniques. Je suis contre les divisions ethniques et l’instrumentalisation des tribus. Ce que je condamne dans ce billet c’est l’exploitation politique qu’on fait des Kasaïens et des nombreux autres compatriotes. Le démembrement des provinces visait à servir cette cause.

Le Grand-Kasaï, région très riche mais très pauvre

Aussi opposants qu’ils puissent paraître, les hommes politiques kasaïens sont peu entreprenants chez-eux, mais aussi faciles à manipuler et à diviser. Ils sont utilisés pour servir les intérêts des régimes qui se succèdent à Kinshasa sans que cela profite à leurs populations. Par hommes politiques kasaïens, j’entends les ressortissants de ce qui s’appelait encore l’espace Grand-Kasaï, à savoir : les trois Kasaï actuels, Lomami et le Sankuru.

Cette région a produit de grands hommes politiques tels que Lumumba, Tshisekedi, Adolphe Lumanu, Roger Lumbala, Lambert Mende, Evariste Boshab, Joseph Olenghankoyi, Alex Kande, Maker Mwangu, Raymond Tshibanda, Bruno Tshibala… Ils ont occupé des hautes fonctions : Premiers ministres, ministres, députés, président de l’Assemblée nationale, gouverneurs de provinces…  Hélas, tous n’ont pas fait grand chose pour cet espace Grand-Kasaï qui reste l’une des régions les plus pauvres du pays, alors qu’il regorge de grands gisements de diamant tant industriel que de joaillerie.

La mort de Tshisekedi révèle tous les traîtres kasaïens ?

En 2002, lors de la formation du gouvernement de transition 1+4 issu de l’accord de Sun City, Étienne Tshisekedi, trop radical et trop exigeant, s’est fait dribbler par ses camarades de l’opposition. L’un des postes de vice-président de la République qui devait revenir au vieil opposant, pour la composante « opposition non armée », lui échappe et a été confié à Zaidi Ngoma. Tshisekedi restera opposant  jusqu’à sa mort. Depuis, les hommes  politiques kasaïens semblent avoir perdu leurs repères et sont devenus de véritables prostitués politiques. Le régime les manipule et les oppose entre eux comme de petits enfants.

Roger Lumbala et Bruno Tshibala sont ceux qui ont fait perdre à leur frère Félix Tshisekedi la chance d’être le Premier ministre de l’accord du 31 décembre. Que dire de Samy Badibanga et de Joseph Olenghankoyi ? Evariste Boshab et Clément Kanku sont cités parmi les instigateurs de l’horrible guerre de la milice Kamwina Nsapu. Cette guerre qui a littéralement ravagé le Grand-Kasaï, faisant des milliers de morts et plus d’un million de déplacés.

Un à un, les hommes politiques kasaïens, disons la plupart, rejoignent le régime, non par conviction, mais plutôt attirés par l’argent, les postes ministériels et autres avantages. Leur discours a même changé : « Profitons des postes que Kabila nous donne. C’est notre tour. Ce vieux Tshisekedi-là nous avait trop endormis avec son opposition sans fin », peut-on entendre dire de la part de certains dans l’ombre.

On peut acheter les politiciens kasaïens, pas la population du Grand-Kasaï !

Certains d’entre les Kasaïens qui se rapprochent du président Kabila remplissent leurs poches et leurs comptes en banque. Ils achètent des villas à l’étranger. Mais la population du Grand-Kasaï ne sait à quel saint se vouer. Toutes les routes sont en lambeaux. La société minière Miba, dont le diamant a servi à financer l’effort de guerre du gouvernement, est en faillite. Dans le Grand-Kasaï on utilise encore la lune comme éclairage public. Bref, c’est se tromper lourdement que de croire que comme vous avez acheté les politiciens kasaïens, vous avez aussi acheté la population du Grand-Kasaï.

Cette même politique de diviser pour mieux régner est celle qui est aussi utilisée contre nos compatriotes katangais. Le grand Katanga est aujourd’hui en morceaux. Ses leaders sont les uns en prison ou en résidence surveillée, les autres en exil. Le cas de Katumbi, Muyambo, Kyungu…

Arrêtez de diviser les Congolais ! Les élections, si jamais elles ont lieu, vont vous réserver une mauvaise surprise.

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