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Entrée de l’armée ougandaise en RDC : qu’est-ce qui choque ?

Cela défraie la chronique sur les réseaux sociaux. L’arrivée de l’armée ougandaise en RDC est commentée différemment suivant les appartenances politiques. Pour beaucoup, il s’agit d’un acte de haute trahison, car la démarche s’est faite dans le secret. Beaucoup ayant encore en tête le contentieux congolo- ougandais avant la signature des accords de Sun city. Qu’en est-il réellement ?

Lors de sa première visite en Angola, Félix Tshisekedi ne cachait pas ses intentions d’associer les pays voisins à la traque des forces négatives ayant des bases arrières dans la sous-région. Après plusieurs contacts, un accord a été formellement signé entre les deux chefs d’État dans lequel cet aspect a été placé dans le volet sécurité.

Des échanges de renseignements ont également commencé à partir de mai 2021 pour préparer ces opérations.

Qu’est-ce qui a changé aujourd’hui ?

Rien, si ce n’est le fait que pour beaucoup, la présence de l’armée ougandaise serait un aveu d’échec de l’état de siège. Quand on interroge ceux qui tiennent ses propos, ils estiment que la RDC devrait mener seule ces opérations militaires. Les détracteurs vont jusqu’à indiquer que l’Ouganda n’a pas été capable de maintenir la paix en Somalie dans le cadre de la mission de l’Union africaine.

Mais quel est ce tacticien qui accepterait de combattre un ennemi, d’anéantir ses places fortes sur son territoire et de le laisser se réorganiser à l’étranger ?

Après les invasions du Shaba, la présence permanente des gendarmes katangais en Angola n’était-elle pas l’un des motifs de l’appui de Mobutu à Savimbi, en dehors des considérations stratégiques ? Le Rwanda ne justifiait-il pas il y a 20 ans, le besoin d’avoir une zone tampon à l’Est pour éviter que les FDLR ne déstabilisent Kigali ?

On connait les conséquences de tout cela. Des rébellions artificielles créées ou soutenues par les pays voisins dans le but d’assurer leur propre sécurité au cas où le dialogue diplomatique n’aboutirait pas. On sait où cela nous a menés.

Pour combattre les ADF, la réponse ne peut pas venir d’un seul pays, mais elle doit être globale parce que les ADF ne se localisent pas dans un seul pays. Outre le souci de les vaincre sur le terrain, il faut couper leurs sources de financement. Isoler leur propagande active via les réseaux sociaux en RDC et sensibiliser les Congolais avec qui ils ont tissé des liens de plusieurs natures (religieux, économiques, matrimoniaux) pour couper les ponts avec eux.

Penser que la pacification de la RDC ne se fera que par les armes est une erreur. Avoir un Congo en bons termes avec ses voisins est déjà un premier pas positif vers cette pacification. Car, lorsque les belligérants d’hier ont des intérêts communs, ils ne perdront plus le temps à se faire la guerre. L’exemple de l’entente franco-allemande, des ennemis supposés héréditaires qui se sont livré trois guerres en moins d’un siècle en est une belle illustration.

 

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