« Et si Joseph Kabila s’en allait en 2016 comme prévu ? » Vous est-il déjà arrivé de vous poser cette question ? La constitution de la République démocratique du Congo n’accorde que deux mandats au président de la République et le deuxième doit, en principe, s’achever à la fin de cette année. « En principe » car, en RDC et ailleurs, les gens affirment que l’actuel chef de l’État souhaite « glisser » pour se maintenir à la tête du pays. Pourtant, les choses ne devraient pas se passer ainsi si l’on en croit les discours de certains officiels.
« Passage de flambeau civilisé en 2016 »
En tête : Lambert Mende Omalanga, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement. Dans un message qui passe avant chaque édition du journal en langue française sur une radio locale à Butembo, au Nord-Kivu, il affirme : « Il y aura un passage de flambeau civilisé en 2016 entre le président Joseph Kabila et son successeur ». Pas ou peu rassurant ? Il est vrai qu’en Afrique, les présidents, francophones surtout, sont connus pour ne se succéder qu’à eux-mêmes. A moins d’être déboulonnés par une révolution populaire. « Le message de Lambert Mende est dépassé », me direz-vous.
Ensuite, il y a eu ce « livre » d’Evariste Boshab. « Un brûlot », d’après certains. Mais dans un pays « démocratique » comme la RDC, on reconnait la liberté de penser à tout le monde. Le « professeur » Evariste Boshab n’a fait que son travail scientifique en suscitant le débat sur la révision de la Constitution pour savoir si, oui ou non, il fallait faire sauter le verrou des deux mandats. Le débat s’est même poursuivi dans les rues de Kinshasa et de Goma en janvier 2015. Le Sénat a, alors, pris en compte les conclusions de cette discussion populaire. Conclusion : deux mandats et pas plus, cela restera la norme.
Vers le « glissement » ?
« Les élections auront-elles lieu ? » Voilà une autre question. Toutes les couches semblent se mobiliser quant à cette interrogation. Car, c’est ici qu’interviendrait le « glissement » : lorsque l’on sait que, d’après la loi fondamentale congolaise, le président de la République dirige le pays jusqu’à l’installation de son successeur.
Pourtant, aux « cardinaux » de sa famille politique, convoqués dans la ferme de Kingakati, à Kinshasa, Joseph Kabila les a appelés à « se préparer aux élections ». Il fait face à la difficulté de désigner un « dauphin » parmi les nombreuses sensibilités qui composent de la majorité présidentielle. Avec la conséquence d’une « probable désagrégation » de la machine politique. Malgré tout, à l’heure actuelle, Joseph Kabila, à mes yeux, a appelé la majorité présidentielle à affronter les élections « sans lui ».
Le dialogue, autre stratagème ?
Le président, dans son discours à la nation du 12 décembre dernier, lançait : « J’engage le pays au dialogue inclusif ! Nous devons trouver des solutions aux problèmes minant le processus électoral. J’en appelle au sens de responsabilité des uns et des autres afin d’être unis dans la mise en place d’un « processus électoral authentiquement congolais », fruit d’un consensus afin de préserver les acquis de notre jeune démocratie. La solution ne viendra ni de l’Orient ni de l’Occident». La majorité présidentielle chercherait ainsi à « emprisonner » Joseph Kabila au pouvoir. Un dialogue serait un ultime appel à l’opposition et à la société civile pour lui trouver une « issue » afin de respecter la Constitution.
Mais Il faut vite rattraper le retard pris dans l’organisation des élections. Les provinciales et locales ont déjà pris un sérieux coup par rapport au calendrier de la commission électorale indépendante, la CENI. Alors, forcément, comme le reconnait le raïs dans message de ses vœux, 2016 est une année de multiples défis. Et de surprises, peut-être !
Et si Kabila lâchait le pouvoir fin 2016 ? Possible. Il pourra toujours revenir vers les électeurs après cinq ans. En attendant, il lui faut aussi rattraper le retard pris sur la concrétisation de ses nombreuses promesses, cinq chantiers et sa révolution de la modernité à achever pour convaincre par les actes.