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Élection de Tshisekedi : une nouvelle famille présidentielle en RDC ?

Depuis la surprenante élection de Félix Tshisekedi, un nouveau code langagier est né à Lubumbashi. On entend parler de « famille présidentielle ». Il s’agit là d’un qualificatif dont se targuent désormais plusieurs personnes s’identifiant à la victoire de celui qui vient d’être investi 5e président de la RDC.

Avec cette appellation « famille présidentielle », si ce n’est pas pour taquiner, c’est pour se vanter ou marquer son appartenance tribale ou idéologique. Mais depuis peu, l’expression fait du bruit. J’imagine que ce bruit porterait moins loin s’il n’était pas lié à l’actualité politique de ces derniers temps. Ce sont désormais des noms au préfixe « tshi », caractéristique d’un bon nombre de noms d’origine kasaïenne, me confie un homme bien assis dans sa peau de « détecteur de noms d’origines ». « Tshibala, Tshibuabua, Tshibangu »… même s’il existe également des tonnes de tshi dans d’autres provinces du Congo.

Famille présidentielle, l’expression qui gêne à Lubumbashi

« Famille présidentielle ». L’expression agace ceux dont la victoire de Félix Tshisekedi a signé la défaite de leur candidat. Certains sont obligés de réagir, et de rappeler que la victoire du nouveau président de la République n’aurait été que le résultat d’une faveur. Et ça ne finit pas que bien.

Pourtant, quoiqu’on dramatise, le sens quelque peu moqueur de l’expression choque de moins en moins et vire au sens simple : une salutation, une blague. L’expression « famille » s’est même popularisée avec les compatriotes ressortissants de l’espace Kasaï se réclamant eux-mêmes de la famille présidentielle. On pourrait bien en rire, tant cela n’a rien à voir avec les puissants clans ou familles présidentiels des Kabila, Mobutu …

Ça tribalise la victoire de Tshisekedi

A Lubumbashi l’expression ne cache pas ainsi l’idée que Félix Tshisekedi est le président des Congolais kasaïens. Exemple : cette phrase d’un employé d’une guest-house voisine. Ses doigts levés en V de victoire, il lance : « Nous avons eu la présidence, contrairement à vous les Katangais avec votre Katumbi et son Fayulu. » Et de poursuivre : « La famille présidentielle est désormais kasaïenne, vous devriez le savoir ! »

À considérer l’histoire tumultueuse entre Katangais et Kasaïens, je perçois des colorations revanchardes derrière cette expression. On le sait, Joseph Kabila a toujours été associé aux terres katangaises, mais aussi à tous l’Est swahilophone du pays. A Kinshasa, les « Baswahili » sont sans distinction considérés comme « bato ya Kabila », en français les « gens de Kabila ». Et cela peut valoir menaces, voire pire, lynchages.

D’une collaboratrice à Kolwezi (province du Lualaba), j’apprends que les attitudes et agissements de ressortissants des provinces du Kasaï ne font pas assez d’amis. Certains agiraient vraiment en familles présidentielles telles que connues chez les tout puissants proches des chefs d’Etat. Plus certains y croiront, y compris en considérant que cette identification par rapport au président élu est plus réelle que simplement passagère, plus les gens se créeront des problèmes inutiles.

 

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