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Fatshi fâché : attention dissolvant radical, dissuasif !

Le chef de l’Etat congolais va-t-il dissoudre le Parlement ? De loin, il joue au bluff du « Retenez-moi où je fais un malheur »…

Ça sent la méthyléthylcétone en République démocratique du Congo. Pourtant, nul vernis à ongle patriotique écaillé à faire disparaître ni traces de feutres à effacer sur le drapeau national. Le solvant qui émet un parfum de détergent au plus haut sommet de l’Etat serait destiné à dissoudre la Super Glue qui colle le costume présidentiel aux basques du clan kabiliste.

Les menaces de Tshisekedi, un bluff à caractère dissuasif ?

Encore trop souvent taxé de marionnette, alors même que son deal avec Kabila ne lui apporte guère de marge de manœuvre, Félix Tshisekedi menace le pouvoir législatif de grand ménage de printemps…

Nombre d’observateurs s’amusent d’un grand bluff qui friserait la fake news à caractère purement dissuasif. Sinon, comment comprendre que Fatshi brandisse sa menace congolo-congolaise depuis le Royaume-Uni ? Il n’est pas dans un exil « gaullien » de nature à inspirer, depuis Radio Londres, un appel du 18 juin de… janvier.

D’ailleurs, une dissolution de l’Assemblée nationale apparaît peu crédible, tant l’organisation et le financement d’un scrutin seraient aussi incongrus qu’hasardeux, au moment où les partenaires réclament moins de surplace politicien.

Le président face à la mauvaise volonté du FCC

Chacun utilise les leviers qu’il peut dans le contexte qui est le sien. Le contexte dans lequel évolue le cinquième président zaïro-congolais a deux caractéristiques. Sur le plan structurel, Tshisekedi se heurte à la mauvaise volonté d’une frange de la majorité du Front commun pour le Congo -la plateforme politique de Joseph Kabila-, mauvaise volonté qui infuse le gouvernement et des ministres réticents à appliquer certaines ordonnances. Sur le plan conjoncturel, le président de RDC célèbre sa première année de pouvoir. Si l’anniversaire n’inspire guère de festivités autosatisfaisantes, il clôt la période pendant laquelle le chef de l’Etat n’est constitutionnellement pas autorisé à convoquer de nouvelles élections.

Dans ce jeu de poker menteur, les alliés-adversaires de « Monsieur dissolvant » se doivent de pousser des cris d’orfraie. Lambert Mende reconnaît à Fatshi le droit de dissoudre, tandis que la présidente de la chambre basse, Jeanine Mabunda, nie la légitimité d’une éventuelle destitution de l’Assemblée nationale, en l’absence de « consultation du Premier ministre et des présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat », comme le requiert l’article 148 de la Constitution.

Si Tshisekedi tenait à passer outre le trio kabiliste, il pourrait être accusé de « trahison » et encourir une procédure d’impeachment

Quand bien même ce conflit permettrait à chaque clan politique de compter ses soutiens et de mesurer la circonférence de ses muscles, pas sûr que la guerre des nerfs profite au Congolais lambda. Avec l’insécurité persistante à l’Est du pays, les chamailleries politiciennes de Kinshasa pourraient bien conduire à la dissolution de… la nation.

 

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