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Du gèle hydro-alcoolique et une messe devant un public sans masque

C’est un matin de dimanche comme les autres, où je participe à une messe ordinaire dans une église d’une commune populaire de la ville. Lubumbashi se réveille lentement, il est 6 heures du matin. Je m’empresse de m’installer parmi les fidèles de la paroisse. Je suis devant, et ma position me donne une vue sur les ¾ de l’église.

Bientôt, l’Eglise entre en effervescence : tout le monde chante « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qui l’aiment » ! Je danse aussi, mon masque sur le visage, couvrant correctement la bouche. La communauté réunie chante en chœur. Nous sommes transportés !

Gloire à Dieu au plus des cieux, et paix à ceux qui se protègent et agissent !

En plus, l’église est archicomble. C’est d’ailleurs le cas dans plusieurs lieux de prière en RDC, qu’il s’agisse des religions chrétiennes, musulmane ou traditionnelles. Ici, les gens sont très croyants, et ils manquent rarement aux rencontres de prière communautaires. Alors, souvent, on se serre, on s’entasse. Naturellement, on ne peut y espérer une once de distanciation sociale.

En face de moi, le prêtre comme sa suite d’ailleurs, porte aussi correctement son masque. Mais, en face de moi, à côté de moi et derrière moi, le masque sur le visage est rare. « Tiens donc, ici on ne porte pas de masque, il n’y a pas de coronavirus ? » Je partage avec lui un sourire, et on reprend tous notre louange. Je me demande alors pourquoi ce contraste. Puisque c’est le même curé qui exige de sa suite de porter les masques et n’en fais pas autant pour le grand public.

Puis, revenu en moi, je me dis : et si on devait ajouter quelque chose de plus sympa encore à ce chant de l’Eglise ? Nous serions plus proactifs et proches de Dieu ! Je crois ! Le genre : « Gloire à Dieu au plus des cieux, et paix sur la terre aux hommes qui se protègent et agissent ! » Car en matière d’épidémie, chacun doit jouer sa part dans la responsabilité et l’amour du prochain.

Ma surprise arrive au moment du partage du « repas du Seigneur », l’eucharistie, la communion ! Après la longue prière de consécration des offrandes, du pain et du vin que le public va bientôt partager, un servant de messe (acolyte), circule avec du gèle hydro-alcoolique. Il en laisse glisser des gouttes dans les mains des servants. Ceux-ci, appelés ministres de l’eucharistie, servent à distribuer la communion (le corps du Christ selon la croyance catholique) aux fidèles baptisés et autorisés à en consommer.

Prendre garde et se protéger avant que le pire n’arrive

Les ministres de l’eucharistie désinfectent alors leurs mains. Puis, chacun prend son ciboire (coupe ou bol d’hosties), et s’installe dans les rangées de l’église. L’idée est claire : leurs mains ne doivent pas constituer un vecteur de propagation du virus corona. Aussi, ce geste rappelle à tous que chacun doit se protéger et protéger les autres du virus.

Pourtant, l’absence de distanciation physique suffisante qui règle en ce lieu et le quasi refus de porter le masque, postulent plutôt que le public n’y fait plus attention.

Je me dis alors : pourquoi est-il si difficile d’amener les gens à adopter les mesures qui protègent ? Peut-être parce que dans nos quartiers populaires où nous côtoyons régulièrement la mort, on ne croit que quand on a vu des cadavres ?

J’ai compris à quel point la lutte contre le coronavirus reste un réel défi. C’est sûr, finalement pour moi, que nous sommes épargnés du pire, jusqu’ici, par pure chance ou protection divine, c’est selon.

Mais il va falloir faire attention. Car la chance ne saurait tenir à tous les coups, et Dieu n’aide probablement pas ceux qui ne fournissent pas l’effort. Le jour où quelque chose aura changé dans les mutations du virus, qui le rend plus virulent encore pour les Africains qui semblent s’en sortir encore bien jusqu’ici, on pourrait assister au pire.

 

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