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Les Congolais silencieux sur les tueries au Congo !

Je me suis lamenté nuit et jour pendant plus de cinq ans au sujet du génocide dont les Congolais sont victimes. Un génocide à huis-clos et qui passe inaperçu. Voici quelle était ma complainte.

« J’aurais voulu prier, mais si grande est ma peine
Que, bien au contraire, j’ai envie de pleurer.
Six millions de morts, que l’on a déplorés,
Est-il vrai que c’est rien dans la pensée humaine ?
Six millions de morts, qu’est-ce que c’est ? C’est rien ?
Ce sont des Congolais, qui n’ont pas les moyens
De réclamer vengeance à la face du monde
Qui, d’ailleurs, se moque de pareille demande.
Six millions de morts, qu’est-ce que c’est ? C’est rien ?
Ô pauvres Congolais, qu’on prend pour des vauriens !
Huit cent mille Rwandais, qui ont été victimes
D’un génocide affreux et d’incroyables crimes,
Ont ému le monde depuis plus de vingt ans… »

Et les Congolais, que disent-ils eux-mêmes ?

J’aurais continué à me lamenter jusqu’à la fin des temps si un ami bien avisé n’avait fini par interrompre ma complainte en ces termes : « C’est bien beau de répéter à l’envie que l’on ne considère pas les Congolais, mais que font donc les Congolais eux-mêmes, les principaux concernés, pour être considérés ? »

Cela m’a donné matière à réflexion. Que font les Congolais pour être considérés ? Mes compatriotes accusent volontiers le monde entier de ne pas s’intéresser à la tragédie qui secoue leur pays depuis plus de deux décennies. Mais que font-ils eux-mêmes pour intéresser le monde entier à ce désastre humain ? Ils sont plus solidaires de leur équipe nationale de football que de leurs frères qui sont massacrés dans d’atroces conditions, principalement à l’est du pays. Faudrait-il que la CAF organise la prochaine Coupe d’Afrique des Nations (CAN) ou le prochain Championnat d’Afrique des Nations (CHAN) à Beni, à Lubero ou à Butembo pour que le génocide cesse à l’Est ?

Ils festoient pendant que ça brule à Beni, à Djugu…

Mes compatriotes sont en train de festoyer chaque jour partout où ils sont à l’abri des bruits de bottes. N’est-ce pas une injure criante, pareille désinvolture, envers ceux qui sont en train de souffrir le martyre chaque jour dans les points chauds ? A Beni, dans le Nord-Kivu, à Dungu, dans les Kasaï… On meurt, on massacre, et aucune colère des compatriotes congolais ne se manifeste. Pas assez, en tout cas. L’ONU est en RDC pour stabiliser un pays qui chaque mois enregistre des chiffres macabres. La mission onusienne et l’Etat congolais qu’elle est censée aider, ne savent établir strictement qui tue à Beni depuis trois ans. On soupçonne des rebelles ougandais ADF.

Il faut compter en plus, l’assourdissant silence de la Radio télévision nationale, la RTNC. Elle montre des gens qui dansent et chantent en l’honneur des politiciens incapables d’arrêter la guerre, les massacres et de lever un seul doigt pour dénoncer le génocide en cours en RDC.

 


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Les commentaires récents (3)

  1. Article touchant et révoltant. Parfois, on pense que l’on est impuissant face à tout ce qui se passe, ou qu’on manque des personnes qui nous inspirent et pourraient nous inviter davantage à être plus efficace.

  2. C’ est même ça la vraie tragédie d’ être massacré devant et pendant que ton frère est distrait et incapable de te tendre la main car il est disintéréssé.