Pour cette deuxième semaine de 2018, je vous relate des faits historiques qui se sont déroulés entre le 9 et le 14 janvier des 59 dernières années en RDC. En 1989, Mobutu prenait ses « quatre mesures » contre la Belgique. En 1965, le centre d’entraînement militaire de Kitona était inauguré. Mais il y a un fait récent qui a ému tout le pays, le 10 janvier 2014. Ce jour-là, la ville de Goma célébrait le « décès » de Paul Kagame ! Retour sur ces faits historiques.
Le 9 janvier 1965, inauguration du Centre d’entraînement militaire de Kitona (CEKI)
C’était dans le cadre de la réorganisation de l’Armée nationale congolaise (ANC). L’inauguration avait été présidée par le président Kasa Vubu en présence du Premier ministre Tshombe et du général Mobutu. En effet, la Belgique, après avoir donné l’indépendance à la RDC, avait accepté de fournir un personnel qualifié pour créer un centre d’entraînement commando en République démocratique du Congo. Le Lieutenant Gaston Bebronne et une équipe d’instructeurs para-commandos furent envoyés au Congo à cet effet. La direction du centre fut confiée au Congolais Eluki Monga Aundu, alors lieutenant et officier S3 chargé de l’organisation, de l’instruction et de l’opération. 1 650 nouvelles recrues congolaises furent admises à cette première promotion, encadrées et entraînées par 62 officiers belges.
Le 10 janvier 2014, Goma célèbre le « décès » du président rwandais, Paul Kagame
Goma est en effervescence. La population est descendue dans les principales rues de la ville de Goma. Certains témoins racontent même que les habitants promenaient des cercueils sur leurs épaules et brandissaient des croix. Tous montrent leur joie face à la nouvelle qui se répand comme une traînée de poudre. Paul Kagame, le président rwandais serait mort. Celui qui est accusé d’alimenter de nombreuses rébellions dans les Kivus, serait décédé. Mais c’est une fausse nouvelle qui était parti d’un twitt.
Le 11 janvier 1959, dissolution du mouvement ABAKO par l’arrêté d’un bourgmestre de Léopoldville
L’Association des Bakongo pour l’unification, la conservation et l’expansion de la langue kikongo (ABAKO) fut créée en 1950 dans un but purement culturel. Edmond Nzeza-N’landu, l’initiateur de cette association, souhaitait voir renaître la culture des Bakongo. Mais très vite, l’ABAKO ne souhaite plus s’en tenir à un rôle purement culturel et en août 1956 elle s’engage dans la vie politique. Elle publie un manifeste intitulé « Conscience africaine ». Ce texte revendique notamment l’africanisation des cadres et l’octroi aux Congolais des droits politiques et libertés fondamentales. Le 4 janvier 1959, une réunion de l’ABAKO est interdite. Elle souhaitait faire une compte-rendu public de la première conférence des peuples africains qui s’était tenue à la fin de l’année 1958. Cette interdiction déclenche une émeute qui sera suivi d’un massacra à Léopoldville (Kinshasa). Le 8 janvier de la même année, Joseph Kasa-Vubu, président de ce mouvement, est arrêté. Il s’en suivra la dissolution officielle de ce mouvement le 11 janvier par un arrêté du bourgmestre de Léopoldville.
Le 12 janvier 1972, l’ordonnance-loi n°72/002 du 12 janvier 1972 institue l’Université nationale du Zaïre (Unaza)
Université nationale du Zaïre (Unaza) était le nom du regroupement des universités du Zaïre qui a existé de 1972 à 1981. C’est seulement en 1981 que la décision d’État n° 09/CC/81 du 3 juin et l’ordonnance-loi n° 25/81 du 3 octobre, consacrèrent de nouveau le principe de la décentralisation de l’enseignement supérieur, faisant éclater l’Unaza en trois différents établissements publics autonomes d’enseignement, correspondant à ces trois campus : Université de Kinshasa, Université de Lubumbashi et Université de Kisangani.
Le 13 janvier 1989, le contentieux belgo-zaïrois culmine lorsque Mobutu prend ses quatre mesures restées historiques
La tension entre le Zaïre et la Belgique était montée d’un cran en novembre 1988 lorsque le président Mobutu, dans un message remis par le commissaire d’Etat zaïrois aux Affaires étrangères (Nguz Karl Bond) au Premier ministre belge, annonçait que le Zaïre « renonce à toute mesure de réduction de sa dette par la Belgique, mais s’interroge si ce n’est pas plutôt la Belgique qui doit au Zaïre ». C’est dans cette logique que Mobutu envoya une délégation de haut niveau à Bruxelles pour clarifier les vues et obtenir de la Belgique des précisions sur toutes ces questions et pour « soutenir un débat contradictoire et public ». C’est ce jour-là que les trois personnes annoncèrent le renoncement du Zaïre à toute assistance publique belge à partir du 1er janvier 1989 et la fin des « relations privilégiées » entre les deux Etats.
Cette crise culmina le 13 janvier 1989 lorsque Mobutu annonça 4 mesures cruciales :
(a) La dénonciation du traité d’amitié, d’assistance et de coopération signée la veille de l’indépendance (le 29 juin 1960 ;
(b) L’insistance sur l’impératif de se doter des infrastructures pour transformer localement le cuivre zaïrois ou envisager son raffinement ailleurs qu’en Belgique ;
(c) L’exigence de la réouverture du contentieux belgo-zaïrois pour une évaluation exhaustive des torts qu’avait subis le Zaïre pour mieux réévaluer sa dette vis-à-vis de la Belgique ;
(d) La suspension du remboursement de la dette publique due à la Belgique.
La Belgique rejeta toutes ces mesures.
Le 14 janvier 1990, le maréchal Mobutu annonce pompeusement qu’il va procéder à des consultations populaires pour connaître la « volonté du peuple »
L’annonce avait été faite, ce jour-là, à l’occasion de la cérémonie d’échange des vœux avec les Corps constitués. Mobutu invita alors la population à un « large débat national sur le fonctionnement des institutions de la deuxième République ». Ces consultations furent conduites sur l’ensemble du pays et cela de deux manières : d’une part, des rassemblements organisés dans un climat de liberté totale d’expression et auxquels Mobutu lui-même participa en voyageant à travers tout le pays et, d’autre part, , d’autre part des mémorandums pour le dépouillement ont été présentés. A cette occasion, un Bureau national des consultation populaire voit le jour. En trois mois, plus d’un million de Zaïrois (Congolais) participèrent à ces consultations populaires et le Bureau enregistra 6 128 mémorandums. Ces consultations avaient fini par conduire Mobutu à décréter, trois mois après (24 avril 1990), la fin du monopartisme et le début d’un long processus de démocratisation.
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