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A Goma, le chômage est un business qui rapporte beaucoup d’argent

Je sais qu’en lisant ce titre, vous vous demandez comment le chômage peut-il générer de l’argent ? Pourtant, c’est bien le business de certaines personnes. On a toujours dit qu’un problème dans la société était une opportunité d’entrepreneuriat. Mais ici, cette sagesse est utilisée dans le mauvais sens.

Dans un précédent article je vous avais parlé de comment des gens pouvaient vous voler, en vous appelant au téléphone pour un pseudo emploi pour lequel vous auriez postulé. Laissez-moi vous expliquer ici comment, en République démocratique du Congo, des gens sont en train d’exploiter le chômage et la pauvreté des personnes pour encore les dépouiller.

Ils vous promettent le deal du siècle, mais ce n’est que du vent

J’habitais encore à Gisenyi à l’époque. Un bon matin, sous une fine pluie, je croise Gisèle, une ancienne collègue qui venait de passer la frontière de Goma (côté RDC) vers Gisenyi au Rwanda. On se salue, et elle me fait savoir qu’elle vient remettre 500 dollars à quelqu’un avec qui elle parle au téléphone. Elle dit que c’est pour acheter des graines séchées de bananier.

Cette seule description me met la puce à l’oreille. J’avais déjà entendu parler de ce petit deal qui se faisait à Goma. Et des gens perdaient de l’argent.

Voici comment cela se passe :

quelqu’un vous appelle au téléphone et vous dit : « Hello Untel, moi c’est X, tu te souviens de moi ? » Ici l’interlocuteur tente de savoir si tu as connaissance de ce nom. Si tu dis non, il enchaîne en te culpabilisant : « Ah bon ? Tu ne te souviens donc plus de moi ? Je regrette que tu m’aies oublié, pourquoi es-tu devenu si hautain, jusqu’à oublier une connaissance ? »

Là c’est le piège qui commence à se refermer sur vous ! Vous vous confondez en excuses et de ce fait, l’arnaqueur devient maitre de la situation. Il finit par vous dire qu’il vous pardonne, ensuite vous dit que l’objet de son appel était de vous donner un travail à mi-temps mais qui paye très bien. C’est simple : il vous dit qu’il y a une ONG qui recherche d’urgence des graines de bananier (ou toute autre plante). Il ajoute que l’unité se vend à 600 dollars. Mais que lui va vous montrer un fournisseur rwandais, qui vit à Gisenyi et qui les vend à 200 dollars. Vous aurez ainsi donc un bénéfice de 400 dollars par unité.

Il finit par dire : « J’espère que tu sauras être reconnaissant mon ami, moi je ne le fais plus parce que je vis à Kinshasa (ou Kisangani, c’est selon l’arnaqueur, NDLR). »

Il dit qu’il donne vos contacts aux responsables de l’ONG qui vont vous appeler. Il vous donne par la suite le numéro de téléphone du fournisseur des graines à 200 dollars, celui-ci vit à Gisenyi au Rwanda.

Quand vous êtes pris dans le piège

La suite de l’arnaque est très rapide : la pseudo ONG vous appelle, le boss s’exprime en anglais. Il y a un interprète à côté de lui. Vous êtes bluffés. L’anglais finit par vous convaincre. Ils vous disent alors qu’ils ont besoin de trois paquets en échantillons très rapidement et que quand vous les aurez amenés, vous signerez un contrat de six mois renouvelables.

Vous faites le calcul, vous allez donc aller vite au Rwanda, joindre le fournisseur. Pour 600 dollars vous aurez 3 paquets. Vous ferez directement un bénéfice de 1200 dollars et tout cela en un seul jour !

Sauf que quand vous joignez le fournisseur au Rwanda, il propose de vous vendre dans la rue. Vous lui donnez l’argent, il vous donne trois paquets et disparaît avec l’argent. Au retour au Congo, plus personne n’est joignable. Vous vous retrouvez bêtement avec trois petits sachets dans lequel il y a du sable. 600 dollars partis.

Vous essayez alors d’aller voir un agronome pour qu’il vous dise la valeur de ce que vous avez dans le sachet, bah il vous dit que ce n’est que du sable.

C’est cela qui allait arriver à Gisèle ce jour-là. Mais je l’en avais sauvée. On était allé voir le fournisseur, et oui, il avait un sachet où était collé un papier imprimé : « Graines de bananier améliorées, origine Canada. » Gisèle tenait à lui donner de l’argent, elle refusait de me croire. J’ai alors tenté le tout pour le tout afin de la convaincre. J’ai dit au dealer : « Au fait, je suis du service des renseignements au Congo, et (un policier venait vers nous), ce policier rwandais est avec moi. Il a quelques questions à te poser car nous avons détecter un réseau de voleurs sur base de ce genre de transactions. »

La vitesse à laquelle ce faux dealer avait pris la fuite en entendant cela finit par convaincre Gisèle qui était sur le point de perdre 500 dollars !

S’il vous plaît, ne vous faites plus avoir.

 

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Les commentaires récents (8)

  1. 😂 😂 😂 la vitesse qu’avait pris l’escroc c’est ce qui m’a fait rire 😂 😂. En tout cas très bonne leçon que vous lui avez donné et en plus vous avez sauvé le porte-monnaie de la demoiselle.