Toujours pas de compromis entre le gouvernement et le syndicat de l’enseignement. Depuis la rentrée scolaire, les écoles catholiques restent fermées en raison de la grève des enseignants. Cette situation a poussé les élèves à aller manifester jeudi 21 octobre au Palais du peuple siège du Parlement.
Jeudi 21 octobre 2021. Il est 10 heures. Des centaines d’élèves prennent d’assaut le Palais du peuple, siège du Parlement. Tous en uniformes scolaires, ces enfants protestent contre la grève des enseignants des écoles catholiques. Ils assistent, impuissants, à la guerre ouverte entre leurs enseignants, représentés par le Syndicat des enseignants catholiques et le ministre de l’Enseignement primaire, secondaire et technique.
Tony Mwaba dans une guerre perdue d’avance ?
A la base du conflit, la rémunération des enseignants. Depuis le début de l’année 2019-2020, l’enseignement de base est gratuit en RDC. Jadis motivés par les parents d’élèves, les enseignants sont désormais entièrement pris en charge par le Trésor public. Seulement, ce qu’offre l’Etat est insuffisant. Les enseignants des écoles catholiques réclament désormais une majoration.
En réponse à cette position, le ministre de l’EPST, Tony Mwaba, a préféré un ton ferme : désactiver les « absentéistes ». Une violation flagrante des lois alors que le droit à la grève est reconnu par l’article 39 de la Constitution.
C’est désormais le bras de fer, au grand dam des élèves. L’un d’eux rencontré à la marche de ce jeudi dit ne pas comprendre la position du gouvernement : « Nous ne demandons que d’étudier, avec ou sans gratuité. Pour que l’enseignement soit de qualité, nos enseignants doivent être suffisamment motivés. »
Certains parents ont accompagné les enfants à la marche. Justine (parent) exprime sa colère : « Si le gouvernement n’est pas en mesure de payer les enseignants, ils n’ont qu’à en tirer les conséquences. Les enfants sont pénalisés et nous n’avons d’ailleurs pas demandé cette gratuité. »
« Votre place n’est pas dans la rue, mais à l’école »
Arrivés au Palais du peuple, les élèves marcheurs ont été accueillis par le 1er vice-président de l’Assemblée nationale, Jean-Marc Kabund qui les a exhortés à « ne pas sacrifier la gratuité de l’enseignement ». Pour Kabund, la présence des élèves au Palais du peuple interpelle. « Votre place n’est pas dans la rue, mais à l’école ou à la maison. Que les enseignants qui veulent réclamer l’amélioration des salaires le fassent sans vous », a-t-il dit aux élèves.
En fait, la marche des élèves est une conséquence de la grève, elle-même fruit de la revendication des enseignants. Cela ne parait donc pas être une instrumentalisation des élèves, grands perdants dans cette guerre.
Plusieurs observateurs estiment aujourd’hui que l’instauration de la gratuité de l’enseignement de base a été précipitée. Le blogueur Eric Nsungu par exemple, pense que « l’Etat doit multiplier les sources de financements du secteur de l’éducation d’abord au niveau national et mettre fin aux détournements».
Comme Eric, j’estime qu’il y a lieu de revoir cette mesure en attendant de trouver les moyens nécessaires à sa mise en œuvre. Ça ne sert à rien de maintenir une gratuité utopique en hypothéquant la formation des enfants.