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Ce n’est pas vers l’Europe que courent la plupart des immigrants africains

Non. La majorité des immigrants africains ne courent pas vers l’Amérique, pas non plus vers l’Europe, moins encore vers le reste du monde. Ils vont plutôt en Afrique. C’est ce qui ressort des statistiques publiées par la Fondation Mo Ibrahim. Voilà qui contredit les affirmations stéréotypées selon lesquelles c’est vers l’Occident que se ruent les migrants africains. Il vaut mieux recentrer ce débat.

L’immigration des Africains fait souvent l’objet de nombreuses critiques et de mauvaise perception, alors que la réalité est toute autre. Réuni dans la capitale ivoirienne, Abidjan, le groupe de réflexion Afrique-Europe sur l’immigration – avec le concours de la Fondation Mo Ibrahim – s’est penché sur cette question. À ce sujet, les chiffres de Mo Ibrahim indiquent que la majorité des Africains restent sur le continent.

Une jeunesse africaine « explosive »

Des leaders des organisations de la société civile, en majorité, ainsi que des acteurs publics et des médias, sont invités à porter un nouveau regard sur l’immigration. Un phénomène dont on parle de plus en plus aussi bien en Europe qu’en Afrique où « une jeunesse explosive », d’après les termes du rapport 2019 de la Fondation Mo Ibrahim, peut constituer une préoccupation sécuritaire si elle n’est pas mieux gérée. Le rapport « La jeunesse africaine : migration, faute d’emplois ? » de Mo Ibrahim donne des chiffres clés issus des données africaines et européennes sur l’immigration. Celles-ci démontrent qu’en 2017, le nombre de migrants africains a atteint seulement 14.1% (36.3 millions) du nombre total de migrants dans le monde. Un nombre bien inférieur au seul flux migratoire du Mexique vers les Etats-Unis, indique le rapport.

Des chiffres en vertu desquels le jeune activiste nigérian Adebola Williams dénonce le populisme croissant dans le monde, en Europe notamment, autour de l’immigration. Il faut véritablement « toucher des questions profondes », insiste-t-il en s’adressant au laboratoire des professionnels des médias invité au forum d’Abidjan. « Les communautés immigrantes en Afrique et dans le monde doivent porter leur voix dans les médias et dans les réseaux sociaux. Car on n’arrive pas parfois à mieux se faire comprendre, à cause des barrières des langues », ajoute le jeune Nigérian.

Plus de 70% de migrants africains restent en Afrique

Bien plus, le rapport de Mo Ibrahim mentionne que même si elle fournit une part croissante de la population mondiale de migrants, l’Afrique garde plus de migrants sur le continent. Cela concerne particulièrement les ressortissants de l’Afrique subsaharienne (70%) qui, comme d’autres migrants, quittent leurs pays à la recherche de meilleurs conditions économiques et sociales.

L’Afrique du Sud, la Côte d’Ivoire et l’Ouganda figurent parmi les pays les plus accueillants du continent. En Europe, principale destination de 9 millions d’Africains (dont 5 millions originaires du Nord et 4 de l’Afrique subsaharienne), les Africains vont principalement en France.

Sur le plan économique, l’immigration suscite des opportunités, non pas seulement pour les migrants. Ce rapport mentionne, par exemple, qu’alors que 80% sont motivés par l’espoir d’une vie meilleure où ils se rendent, ils consomment 85% de leurs revenus dans les pays d’accueil.

Sortir des stéréotypes sur l’immigration des Africains

Pour le Nigérian Adebola, il est important que le monde sorte des stéréotypes. Il espère que les médias peuvent y jouer un rôle important. « Les médias ont le pouvoir de changer les perceptions sur l’immigration en racontant des histoires humaines », a-t-il déclaré.

En tout, le forum organisé par Mo Ibrahim à Abidjan relance les questions de l’emploi et de la gestion de mobilité des jeunes Africains, comme pouvant permettre de répondre à l’immigration. L’absence de planification et d’encadrement des flux migratoires risque de provoquer plus d’insécurité en Afrique, ont estimé plusieurs participants au forum. Ce qui pose un problème de gouvernance politique.

 

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