La probable première présidente de l’Assemblée nationale est-elle la candidate qui clouera le bec des anti-kabila les plus radicaux ? Consensus annoncé autour de « Notre Dame de Kabilie »…
Petit à petit, l’oiseau kabiliste refait son nid en République démocratique du Congo. Comme un prestidigitateur qui mise sur la distraction passagère du spectateur, les proches de l’ancien président ont profité de l’effet de surprise de l’élection présidentielle pour déposer inéluctablement leurs pions au Sénat, aux Assemblées provinciales, dans les gouvernorats et à l’Assemblée nationale.
Tshisekedi entre le marteau et l’enclume du FCC
La RDC finit de découvrir un Félix Tshisekedi chef de l’Etat, certes, mais cerné de toute part par le clan de son prédécesseur, aussi engoncé que dans le gilet pare-balles de son investiture, englué dans une situation qui a le goût d’une cohabitation sans en avoir le statut victimaire, du fait d’un deal aussi admis que flou.
Groggy par ce scénario de « House of cards » congolais, les plus radicaux de la lutte contre l’ancien régime ne pouvaient que miser sur un clash que rendrait inévitable le dépouillement progressif de Fatshi. Pour achever de démontrer que le président fantoche pourrait être constitutionnellement déboulonné par les tenants de l’ancien régime, le candidat dépité – ou légitime, c’est selon – de la présidentielle Martin Fayulu ne pouvait qu’espérer une candidature kabiliste ostentatoire au perchoir du Parlement. Nième signe d’une mainmise de Kabila sur le vrai-faux nouveau régime, celle-ci aurait été la goutte d’eau qui aurait fait déborder le tsunami politique dans le vase tshisekediste.
Un concessus FCC-Cach autour de Mabunda ?
Alors que le clash FCC-Cach semblait prendre forme, après la dénonciation, par le chef de l’Etat, du « système dictatorial » en place durant le mandat de Joseph Kabila, la candidature à la présidence de l’Assemblée nationale de Jeannine Mabunda – encore une surprise – semble conduire à un consensus certain. Même les plus radicaux de l’opposition peinent à tirer à boulets rouges sur celle qui semble avoir un boulevard devant elle. Adoubée le 5 avril dernier par le chef de l’Etat, la candidate de Joseph Kabila est présentée comme une femme de caractère capable de gérer des élus congolais souvent dissipés.
Actuelle présidente de la ligue des femmes du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), Jeannine Mabunda a été directrice générale du Fonds de promotion de l’industrie (FPI), ministre du Portefeuille, cadre à la Banque centrale du Congo et conseillère spéciale du chef de l’Etat en charge de la lutte contre les violences sexuelles. Par ailleurs, peut-être est-il plus difficile de se défouler sur un punching ball féminin, l’accès d’une femme à la tête de la chambre basse du Parlement devant constituer une première depuis les élections « démocratiques » pionnières de 2006.
Déjà, les porte-paroles des femmes parlementaires entendent lancer à une communauté internationale échaudée que l’accession d’une dame à ce poste déterminant est le signe d’un renouveau paritaire. Quant à la candidature au perchoir de Henri-Thomas Lokondo, lui aussi de la majorité, elle finira de montrer que Jeannine Mabunda n’est pas le fruit d’un plébiscite imposé par l’ancien-nouveau régime…