Joseph Kabila a nommé Bruno Tshibala Premier ministre vendredi 7 avril. Mécontente, l’opposition dénonce une décision contraire à l’Accord sur la transition. Déjà, elle appelle à marcher ce lundi 10 avril. Revue de presse de Didier Makal.
La nomination de l’opposant Bruno Tshibala, le 7 avril, est présentée par le pouvoir en place comme le résultat de l’accord conclu le 31 décembre 2016 entre l’opposition et la majorité. Un accord censé sortir la RDC « de la crise provoquée par le maintien au pouvoir de Kabila après le 20 décembre, date à laquelle a expiré son deuxième et dernier mandat constitutionnel », explique Le Monde.
Une nomination qui arrive trois mois plus tard, « à cause des dissensions entre opposition et pouvoir ». Mais déjà elle mécontente alors que la tenue des élections prévues en 2017 « apparaît hautement incertaine », note Le Monde.fr
Kabila surprend avec Tshibala
Surprise, parce qu’alors qu’on attendait Félix Tshisekedi comme Premier ministre, Kabila a choisi plutôt l’ancien secrétaire général exclu de l’UDPS, constate Afrik Arabia. Décidément, « Joseph Kabila a le chic pour surprendre », ironise Afrik Arabia qui rappelle la nomination de Samy Badibanga alors qu’on attendait Vital Kamerhe comme Premier ministre, fin 2016.
Tshibala « débarque » ainsi à la primature, « avec le même déficit de légitimité que son prédécesseur Samy Badibanga, lui aussi débauché au sein de l’opposition par le pouvoir », fait remarquer Afrik Arabia. Il devra tenter d’appliquer l’accord de la Saint-Sylvestre « censé régler la crise politique qui couve depuis le maintien au pouvoir de Joseph Kabila après la fin de son deuxième et dernier mandat. »
Avec Bruno Tshibala, la crise persiste en RDC
La polémique est d’office lancée. « Malgré la nomination de Bruno Tshibala, la crise persiste », considère Matin Infos. Il explique : « En RDC, l’on assiste depuis l’an 2015 à une cacophonie au sein de la classe politique en général et de l’opposition en particulier. Chaque acteur politique démontre sa couleur: basculement de position, double langage, exclusion, auto-exclusion, etc. »
Pour le porte-parole de la Majorité présidentielle Alain Atundu, « la nomination de Bruno Tshibala est conforme à l’esprit de l’accord du 31 décembre », rapporte Radio Okapi. Il ajoute que le président Kabila démontre ainsi « sa détermination à normaliser le processus électoral et à amener notre démocratie vers une alternance souhaitée par tous ».
L’Avenir, média proche du pouvoir, se montre enthousiaste pour le nouveau Premier ministre. « Juriste chevronné », « militant de première heure » au sein de l’UDPS, « Tshisekediste exigeant », il est « désormais opposé à Félix et à ce qu’il qualifie d’achat de l’Udps par Moise Katumbi ». Le résultat est clair : « Bruno Tshibala est perçu à Limeté comme l’héritier naturel du Tshisekedisme », commente l’Avenir.
L’opposition mobilise la rue contre Tshibala et Kabila
Pour sa part, Africanews relève que « l’opposition fustige la nomination de Bruno Tshibala ». Il relève des réactions de mécontentement, notamment « une marche pacifique » prévue lundi 10 avril en vue de « dénoncer cette décision du président Joseph Kabila. »
Une marche que soutient la Dynamique de l’opposition, « déterminée à obtenir l’application de l’Accord du 31 décembre ». Pour l’élu de Kinshasa Martin Fayulu, indique 7sur7, cette marche « est l’une des actions prévues pour contraindre le pouvoir de Kinshasa à appliquer l’Accord du 31 décembre ».
Samy Badibanga, une primature sans bilan ?
Pendant ce temps, les médias n’oublient pas le Premier ministre sortant qui vient de passer quatre mois à la tête du gouvernement congolais. « Samy Badibanga s’en va humilié ! », titre La Tempête des Tropiques. Badibanga aurait appris son départ « comme tout Congolais lambda », au cours du discours de Joseph Kabila devant la représentation nationale. « Il n’y avait pas mieux pour humilier un homme dont la kabilie (le camp kabila, ndlr) s’est servie (sic) de la manière que tous les Congolais savent », commente La Tempête des Tropiques.
Il note que Badibanga ne laisse pas de bons souvenirs aux Congolais. « La monnaie nationale a fait une descente aux enfers », le dollar américain « s’échange déjà à 1400 FC » à Kinshasa, précise le média kinois. Et de conclure : « Voilà ce qu’on récolte lorsqu’on trahit quelqu’un comme Etienne Tshisekedi et l’UDPS son cher parti. »
Ce n’est pas une surprise d’apprendre que Bruno Tshibala est nommé 1er ministre. Tout était organisé par le camp de la majorité qui a acheté certains cadres de l’udps,avec cette nomination qui a déçu la confiance locale et internationale qui risquerait de plonger encore le pays dans un chaos.Qui épargne le tigre egorge la gazèle disent les chinois.