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Katumbi face à la Justice

Moïse Katumbi est arrivé au palais de justice de Lubumbashi entouré de plusieurs partisans qui scandaient des slogans en son honneur et contre Joseph Kabila. La même ambiance a repris à sa sortie, à la tombée de la nuit, alors que l’audition avait duré plus de 6 heures. Carine Katumbi son épouse, a indiqué que la justice militaire a voulu se saisir du dossier instruit au civil, contraignant ainsi le procureur à suspendre momentanément l’audience. Précipitations ou intimidations ?

Pourtant, « les règles de la procédure ont été respectées », affirme maître Mukendi, membre du collectif d’avocat de la défense. Katumbi a nié le recrutement des mercenaires étrangers et a indiqué que l’américain Daryll Lewis travaillait pour son compte en tant que consultant, afin d’assurer sa sécurité.

Un procès politique

Pauvres magistrats ! Un fait ne devrait pas vous échapper : Katumbi vient d’annoncer sa candidature aux prochaines élections. Un nouveau procès politique donc, dans une RDC où ce genre de procédure se multiplie (Vano Kiboko, Jean-Claude Muyambo, Fernado Kutino, Diomi Ndongala).

La sortie médiatique d’Alexis Thambwe Mwamba, ministre de la Justice, pose quant à elle de sérieuses questions sur le respect des procédures de mise en accusation. En phase pré-juridictionnelle, le secret de l’instruction et la présomption d’innocence sont des principes fondamentaux. Mais le ministre a publiquement accusé Moïse Katumbi de recruter des mercenaires et de vouloir déstabiliser les institutions de la République. Sans surprise, il va demander à la justice d’ouvrir des enquêtes. Pourquoi faire ? Le ministre semble déjà avoir tiré ses conclusions. Rien ne l’obligeait à dévoiler les renseignements à sa disposition, en toute précipitation. Curieusement, le même jour Katumbi s’était déclaré candidat à la succession de Joseph Kabila.

« Nous, nous sommes professionnels, nous n’allons pas divulguer les pièces du parquet sur les télévisions », a lancé maître Mukendi, avocat de Katumbi, répondant à un journaliste lui ayant posé des questions sur le contenu de l’audition de son client.

Que reste-il de l’indépendance de la justice ?

En 2011, la révision de la Constitution a subordonné les parquets au ministère de la Justice. Désormais, un ministre peut dicter une enquête ou la suspendre. La liberté et l’indépendance des magistrats n’est plus qu’un souvenir alors que le pays est entré en phase préélectorale et que le gouvernement semble vouloir retarder l’organisation des élections.

Le 5 mai, le ministre Thambwe affirme avoir obtenu de l’américain Daryll Lewis, en présence d’un diplomate de son pays, des aveux confirmant qu’il avait été recruté par Katumbi. Or dès le lendemain, l’ambassade des Etats-Unis dénonce « de fausses accusations ».

La suite semble suspecte…  Les bons usages judiciaires voudraient que le ministre ait gardé le silence, le temps que la justice agisse et déploie librement ses actions. De son côté, Katumbi accuse le pouvoir de le harceler. Et lui ne manque pas de preuves.

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