Les barrières routières constituent une grande source de revenus pour de nombreux groupes armés opérationnels dans la région du Kivu à l’est de la République Démocratique du Congo. Un rapport de l’organisation Belge IPIS souligne que les nombreuses barrières érigées sur la plupart des routes comptent parmi les plus importantes ressources financières pour les milices actives au Kivu.
Au Kivu cette région que j’habite, en particulier les régions sous contrôle de groupes armés, la circulation de personnes et de biens n’est pas toujours libre. Souvent, elle est conditionnée par le payement de certaines taxes. Les victimes sont dans la majorité des cas les commerçant, les transporteurs et parfois les individus qui tentent simplement de se déplacer.
IPIS dit avoir répertorié 798 barrières routières pour les provinces du Sud et du Nord Kivu. « En RDC les routes sans barrières sont rares –tout ce qui bouge est taxé » a d’ailleurs explique Peer Schouten l’un des principaux chercheurs ayant participé à cette enquête. Je ne saurais confirmer ce chiffre mais mon expérience va dans ce sens. Par exemple, pour parcourir l’axe routier Goma-Minova d’une cinquantaine de kilomètres et pourtant sous contrôle des autorités étatiques, il est vraiment difficile de circuler à cause des barrières. Je me dis simplement si c’est le cas pour un territoire contrôlé par l’Etat, ce sera alors pire pour celui sous occupation rebelle.
1,5 millions de dollars par an
Cet argent payé par les populations contribue énormément à la survie des groupes armes selon les résultats des recherches de cette organisation Belge. C’est beaucoup d’argent récolté chaque année par les barrages de la seule province du Nord Kivu. « Six compagnies de transport dans la province du Nord-Kivu paient plus de 1,5 million de dollars par an aux barrières routières », révèle le rapport. A l’issue de ses recherches IPIS affirme par ailleurs qu’à part les groupes armés, certains militaires indisciplinés de l’armée nationale sont responsables de ces barrières. Toutefois, sachant bien qu’une partie non négligeable de la province est sous l’emprise de groupes rebelles et conscients de leur manière de rançonner les populations, qui peut douter du fait que les groupes armés vivent également de ces centaines de barrières dans les régions où ils règnent en maîtres.
Alors que certains croient que les groupes armés ne vivent que de l’exploitation des minerais, le rapport de l’organisation Belge, bien que confirmant la présence armée (forces régulières ou non) dans la moitié des 1 635 sites miniers qu’elle a visités, donne une nuance importante. Elle explique que les minerais ne représentent que la moitié des ressources naturelles taxées aux barrières routières. Ce qui voudrait dire qu’en dehors des taxes perçues sur les minerais, les groupes rebelles instituent également des taxes sur d’autres ressources dont celles en provenance des champs. IPIS cite d’ailleurs la taxe sur le charbon et le bois et sur d’autres produits agricoles. J’ajouterai que c’est aussi le cas des produits manufacturés.
Les groupes armés ne vivent donc pas des minerais seulement. En conditionnant la circulation des biens et de personnes par le paiement de taxes – parfois exorbitantes – les rebelles n’ont pas toujours besoin de s’impliquer directement dans l’exploitation des minerais. Ils ont leur part à la fois sur les minerais et sur d’autres produits grâce aux barrages routiers.
C’est aussi le cas dans certaines zones.du Grand Katanga. Il faudrait vraiment que la société civile et les diverses autorités s’impliquent afin de changer les choses.