À Mbujimayi, les retraités de la société minière Miba sont jetés dans la rue sans aucune précaution. Ce qui est curieux, c’est que cette société de production de diamant déloge ces travailleurs du troisième âge, alors qu’elle leur doit plusieurs années d’arriérés de salaire. Elle n’hésite pas à user de la force pour les faire déguerpir de leurs maisons.
Depuis quelques mois, nous avons remarqué que les agents pensionnés de la Miba qui habitent dans des logements appartenant à cette société, font l’objet de déguerpissement forcé sur ordre de la direction générale de l’entreprise. Cette opération de déguerpissement est exécutée par les services de logements et entretien de la Miba, par la garde minière de cette entreprise, ainsi que par les officiers de police judiciaire du parquet de Mbujimayi. Plus grave, l’expulsion s’effectue sans aucune indemnisation. Pourtant, la Miba elle-même a des dettes d’arriérés de salaires de ces retraités qu’elle déloge.
Des déguerpissements inhumains
Paul Kanyinda, retraité Miba depuis 2014 et âgé de 73 ans refuse de partir : « La Miba me doit des années d’arriérés de salaire qui datent de 2007. Même ma pension de retraite, elle ne l’a jamais payée alors que je lui ai rendu service pendant plus de 30 ans. Depuis 2012, j’ai pris ma retraite sans frais, aujourd’hui elle me somme de déguerpir. Comment vais-je vivre? Je n’ai ni emploi ni parcelle. Je ne partirai pas d’ici à moins qu’on m’emmène en état de cadavre ! »
Marie Muadi est la veuve de monsieur Pierre Kazadi, ex-agent de cette société minière décédé en 2013. Outre que la Miba n’a pas payé son mari de 2007 jusqu’à son décès, la société n’a même pas pris en charge les funérailles. Aujourd’hui, la veuve et les enfants ont été contraints de quitter leur logement. Marie Muadi a fait un AVC, elle a été évacuée à Kinshasa et les soins sont pris en charge par sa famille. « Honte à la Miba. Mon père a travaillé en vain pour cette société comme cadre pendant trois décennies et voici le résultat. Ma mère se meurt et nous sommes abandonnés à nous-mêmes ! »,soupire l’une des filles de la veuve.
Les raisons avancées par la Miba
Pour la direction générale de la Miba, la décision de déguerpissement se justifie par le fait que ses pensionnés ont cédé leurs maisons à des tiers et perçoivent le loyer alors qu’il y a des agents effectifs de l’entreprise qui manquent de logements. Du côté des pensionnés, certains ne nient pas le fait qu’ils ont donné quelques maisons en location, notamment les garages et les annexes appelées boyeries, afin d’avoir de quoi survivre étant donné que la Miba ne leur a rien payé. D’autres parmi les pensionnés affirment n’avoir jamais sous-logé des tiers, mais que ces personnes occupant les annexes sont plutôt des membres de leurs familles qui habitent avec eux.
Monsieur Cianyi, un autre retraité déclare que la Miba elle-même donne ces maisons à des tiers et aux plus offrants, notamment à certaines autorités et personnalités de la province. « Certaines maisons que la Miba ravit ne sont même pas occupées par les agents effectifs de l’entreprise. Par exemple, je connais une maison ravie à mon collègue retraité et confiée à un officier de l’armée », témoigne le vieux Cianyi.
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