Ici, les maisons sont en paille et l’école n’a pas de toit. A la descente de l’hélicoptère qui m’amène de Goma, la pauvreté me saute aux yeux. Il est 12h00 à Walikale, le soleil est au zénith et je prends la direction de Bisie, une exploitation minière où l’on extrait de la cassitérite, un minerai utilisé dans la fabrication des téléphones mobiles.
Sur la route les barrages montés par l’armée sont nombreux. Pour passer il faut payer. Les passants ne sont pas épargnés, eux aussi sont rançonnés. Le sol transpire et une forte odeur me pique les narines, me voilà sur le site de Bisie.
Un travail de forçat
Au loin, j’aperçois des « creuseurs ». Bêche, pioche sur l’épaule et bottines en caoutchouc, ces mineurs ont le visage coloré par la terre. Aux premières heures du matin, ils ont déjà l’air fatigué.
Habillé avec des vêtements usés et râpés, Masumbuko Kamate, la vingtaine, est l’un d’entre eux. Il extrait de la cassitérite depuis plusieurs années mais le minerai est rare. M. Kamate et ses compagnons d’infortune sont très pauvres.
« Il m’est arrivé à plusieurs reprises de tomber sur des quantités intéressantes de minerai et de gagner beaucoup d’argent d’un coup. Mais je l’ai dépensé car j’ai épousé quatre femmes » raconte le jeune Masumbuko.
L’arrivée des sociétés minières
Chaque jour, il trouve environ un gobelet (unité de mesure) de cassitérite brute qu’il vend ensuite 1.6$ aux négociants. Certaines semaines, il lui arrive d’en trouver pour un kilo (5$). Cette activité est son seul gagne-pain.
Bientôt, ces hommes risquent de devoir quitter le site de Bisie pour laisser place à une société minière. Alors que les « creuseurs » creusent pour leur survie, la société prétend qu’elle contribuera au développement de la région en engageant une main-d’œuvre locale, en construisant des routes et des hôpitaux… Toujours le même refrain ! Mais les entreprises minières ne font rien. Elles exploitent des gens vulnérables et les enferment davantage dans la misère.