C’est une loi électorale qui fait grincer des dents depuis deux semaines à Kinshasa. Alors que le processus électoral tergiverse, et que l’opposition dit « exit Kabila » et « non au calendrier électoral », le pouvoir prépare une purge légale. Et déjà la résistance s’organise… Voici ce qu’en ont dit les médias.
C’est un « séisme politique en RDC », titre le quotidien de Kinshasa Le Phare en parlant de la nouvelle loi électorale sous examen au Parlement. Le média note que l’introduction du seuil de représentativité va signer la mort de nombreux partis politiques congolais appelés à passer « de 600 à 10 partis ! »
Un projet de loi électorale presque conflictuelle
Seuls trois partis suffisamment représentés au niveau national pourraient résister, selon Le Phare : l’UNC de Vital Kamerhe, l’UDPS de Félix Tshisekedi et le PPRD de Joseph Kabila. Il poursuit à ce propos : « A ce stade, des pleurs et des grincements de dents fusent déjà de plusieurs états-majors politiques, où l’on parle de la liquidation planifiée de ‘’menus fretins’’ politiques au profit des ‘’dinosaures’’. »
Attention, ce « projet de loi électorale est porteur de germes de conflits », prévient Bernard Kayumba, le président du Parti du nouvel élan du Congo, Paneco, écrit 7sur7. Certains ne pourront plus, selon lui, arriver dans les Parlements, national et provinciaux, pour « porter leurs aspirations ».
Autre point de désaccord : la machine à voter
La machine à voter, proposée comme une chance pour réduire le coût des élections ne passe pas. Elle suscite des soupçons de fraudes au profit du pouvoir. « La machine à voter de Nangaa rejetée », titre Politico. Samedi 2 décembre, les députés ont rejeté aussi les conclusions des travaux de la commission politique, administrative et judiciaire, celle-là même que l’opposition a abandonnée un jour plus tôt.
En plus, le même jour, la plateforme politique « Congo en marche », a tout simplement appelé à rejeter à la fois la loi électorale et la machine à voter. Un appel suivi d’un autre à mobiliser la population pour faire échec à « cette loi électorale élaborée à dessein », écrit 7sur7.
Déjà, à l’Assemblée nationale où le projet de loi est examiné, l’opposition a suspendu sa participation aux travaux de réforme, le premier décembre dernier, note Cas-Info. Les députés dénoncent une caution très élevée, plus de 500 dollars américains et une personnalisation de la loi, excluant ainsi des personnes condamnées dont Moïse Katumbi, Diongo ou encore Jean-Pierre Bemba. « Par des actions et des déclarations, l’opposition se montre peu à peu unie. Un possible front commun est en vue », commente Cas-Info.
Les femmes enfin !
Leur voix s’est rarement faite entendre depuis l’éclatement de la crise autour de l’alternance au pouvoir en RDC. « Les femmes présentent leurs amendements à la loi électorale », titre Le Phare. Dans une recommandation faite à la Céni, elles demandent et suggèrent « des quotas » réservés aux femmes avant de déclarer recevables les listes des candidatures des partis et regroupements politiques.
C’est dans ce contexte que samedi dernier, les laïcs catholiques ont appelé le président Kabila à annoncer publiquement qu’il ne serait pas candidat aux prochaines élections. Ils rappelaient alors, écrit RFI : « Les conditions de vie de nos populations sont plus que précaires alors qu’une minorité de citoyens continue de s’enrichir de manière insolente ! »