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L’opposant politique une espèce en voie de disparition

Dans l’immense forêt congolaise, il n’y a pas que les animaux qui disparaissent sous la menace des braconniers, les opposants politiques aussi. Mais pour ces derniers, le braconnier c’est la justice. Celle-là même qui est censée jouer le rôle de garde-forestier.

Après avoir déclaré officiellement sa candidature aux élections présidentielles – s’il elles sont véritablement organisées un jour – l’opposant Moïse Katumbi subit des poursuites judiciaires. Il est accusé de  recruter des mercenaires pour déstabiliser le pays. A force de menaces, il quitte le pays pour des soins médicaux. Après lui, c’est au tour de l’opposant Martin Fayulu d’être devant la justice pour des problèmes fiscaux. La dernière en date est Eve Bazaïba.

J’ai vu de me propres yeux, lors de la marche de l’opposition, les policiers disperser la population à coups de balles et de gaz lacrymogène. Quelques minutes après, on apprend qu’Eve Bazaïba est victime au pied gauche d’une blessure qui s’apparente à une balle perdue. La dame crie et pleure. « Mes enfants, où sont mes enfants ? Qu’ils ne touchent pas à mes enfants », hurle-t-elle. Finalement, elle est transportée dans un véhicule privé par ses proches. Pour la remercier, comme si la blessure ne suffisait pas, elle vient d’être accusée en justice pour « propos injurieux à l’égard du chef de l’Etat ».

« Les crocodiles du Botswanga »

Finalement, le Congo se vide de toutes les têtes d’affiche de l’opposition. Comme dans Les crocodiles du Botswanga, le film où les crocodiles du président sont nourris de la chair de l’opposant politique. C’est à se demander si les opposants politiques congolais ne sont pas transformés en « viande judiciaire » par les caïmans de la justice congolaise !

Petit à petit tous les leaders capables de faire face à Kabila sont effacés du tableau et il reste seul à bord du bateau congolais, une démocratie à opinion unique…Il ne suffit pas d’inclure l’adjectif « démocratique » dans le nom du pays (République «Démocratique » du Congo) pour que le pays le soit pour autant, démocratique. La démocratie a des valeurs et des principes à respecter, parmi lesquels la liberté d’expression et d’opinion. Si ces éléments ne sont pas garantis, on ne peut que parler d’une dictature masquée. Dans une démocratie, on n’est pas simplement libre de dire ce que l’on pense, mais on demeure  libre après l’avoir dit, quand bien même cela déplaît aux gouvernants.

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