Joseph Kabila participe à la conférence des gouverneurs, depuis mardi 14 juin 2016 à Lubumbashi, dans le Haut-Katanga. Crédit : Didier Makal
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Lubumbashi : arrêtez de politiser les services publics !

Afin d’accueillir le président, les autorités ont organisé une marche. Au regard de la population mobilisée, il y a lieu de parler d’un échec. Un échec qui apparaît d’autant plus grand en comparaison des foules mobilisées il y a un mois par l’opposant Moïse Katumbi, lors de ses déboires judiciaires.

Un accueil obligatoire

La mairie de Lubumbashi a obligé les fonctionnaires, mais aussi les vendeurs des marchés et les commerçants à participer à cette marche. Sans doute, auraient-ils préféré travailler plutôt que de se rendre à cet accueil qui ne leur apporte rien du tout. Mardi matin, des hommes ont sillonné les rues du centre-ville, appelant à fermer les commerces et à aller accueillir le chef de l’Etat. Dans les marchés communaux, à Mimbulu et à Lunsonga par exemple, les vendeurs absents à la marche ont reçu des menaces de sanction. Les partis politiques au pouvoir ont eux aussi mobilisé des gens, les prenant des quartiers périphériques vers le centre-ville.

Mais tous ces efforts pour un public de seulement 3 000 personnes, même moins selon certains opposants politiques. Au lendemain de l’événement, le maire de Lubumbashi salue la participation de la population mais n’ose pas dire combien de gens il a lui-même mobilisé. Il n’ose pas non plus donner les raisons de la délocalisation du lieu de la manifestation : prévue devant la poste, l’accueil a finalement eu lieu devant le gouvernorat du Haut-Katanga, un endroit bien plus petit. En vérité, c’est que ce dernier endroit cachait mieux la faible mobilisation.

Ne politisez pas l’administration

Les bourgmestres et chefs des quartiers ont été eux aussi mobilisés. Deux jours avant la marche, le maire de la ville les réunissait afin qu’ils mobilisent la population. A la marche, chaque bourgmestre a mobilisé ses services bien représentés par des pancartes. La commune de Kenya, par exemple, était des très remarquable. L’entreprise publique exploitant le cuivre et le cobalt, la Gécamines (Générale des carrières et des mines) avait aussi affiché un panneau pour être remarquée. Etre absent à pareille circonstance, en effet, signifie refus de soutenir le chef de l’Etat, et cela peut coûter son poste. Les chefs sont donc les plus mobilisés, exerçant à leur tour, des pressions sur leurs services.

Je n’approuve pas que le pouvoir utilise les services publics à des fins propagandistes. L’Etat n’appartient pas à un individu ou à un groupe d’individus. Je crois qu’on gagnerait en préservant la neutralité des services publics. Que les communes, par exemple, deviennent des réserves foules pour des manifestations officielles, c’est un dérapage. Accueillir une autorité, même le président de la République, n’entre pas dans les devoirs des fonctionnaires publics.

C’est malheureusement là, la conséquence d’une trop grande politisation des services étatiques. Jusqu’aux responsables des marchés et des quartiers, à Lubumbashi, on  a nommé des militants des partis politiques. La fonction publique est devenue une affaire de régime. Je me demande comment on peut assurer des services de qualité dans ce système où le parti politique arrive avant la compétence et la serviabilité.

C’est incroyable que le régime  de Kabila procède ainsi. Il n’a de cesse de présenter le dictateur Mobutu comme le destructeur de la RDC, mais dans les faits, ses méthodes ne diffèrent pas comme le prouve l’accueil obligatoire de Lubumbashi.

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