Les nouvelles ne sont pas bonnes depuis juillet 2021 à Lubumbashi. La ville fière et arrogante perd de ses filles et fils. C’est le prix le plus fort pour avoir fermé l’oreille aux avis d’experts sur le drame du Coronavirus. La menace était pourtant connue.
Pour certains habitants de la ville de Lubumbashi, Dieu ne nous laisserait pas tomber face au coronavirus. Pour d’autres, tout était inventé pour des fins lucratives. Il n’y avait donc pas de chance qu’on en meurt.
Mais aujourd’hui, l’augmentation du nombre de décès inquiète, malgré la persistance des résistants, a fait prendre conscience à plusieurs. Bien sûr, après coup, surtout pour ceux qui ont perdu les leurs.
Les conséquences devraient nous corriger
Maladies de blancs, maladie des riches. C’est entre autres surnoms que nous avons collés à la Covid-19, jusqu’à défier les interdits fondés sur des certitudes scientifiques.
Aujourd’hui, Lubumbashi paye le lourd tribut de sa résistance face aux recommandations médicales. En juillet, la moitié des hospitalisations concernait des cas de coronavirus, selon le ministre de la santé du Haut-Katanga.
Même si le vrai taux de mortalité n’est pas révélé, la maladie fait encore beaucoup de morts. Et on espère que le retour de la chaleur en septembre va peut-être contribuer à renverser la tendance actuelle. Cette percée du coronavirus au sein de la population bénéficie malheureusement du négationnisme légendaire qui nous caractérise. C’est malheureusement le symbole de notre défaite. Puisque nous n’avons pas pu distinguer la fare d’une menace sérieuse.
Il a fallu ainsi que les autorités menacent d’envoyer au cachot ceux qui refuseraient de porter les masques pour que des attitudes changent.
Une bataille perdue contre la pandémie ?
« Jamais je n’avais vu une morgue remplie de morts comme aujourd’hui », s’exclamait Annette Mbayo, larmes aux yeux, après avoir déposé à la morgue la dépouille de son cousin. Ce dernier soupçonné est d’être mort de coronavirus. Comme plusieurs, Annette ne croyait pourtant que peu en l’existence de cette maladie.
« A un moment, confesse Annette, j’ai cru qu’on se moquait de nous jusqu’à ce qu’un voisin meurt. Mais là, comme il revenait d’Europe, je me disais que ce n’était pas notre affaire. Aujourd’hui, c’est mon cousin. Je me demande si j’avais raison de douter ».
En réalité, c’est un aveu de faible et de défaite. Son constat est aussi celui de ceux qui fréquentent les morgues à Lubumbashi. Des pompes funèbres saturées, c’est inhabituel, autant que des cimetières débordés par les sollicitations.
Un agent du cimetière Rivière des anges Kasangiri explique qu’en situation normale, son cimetière accueille un peu plus de 100 dépouilles par mois. Mais depuis juillet 2021, l’homme s’inquiète et change d’avis sur la pandémie.
Cette foi, assure-t-il, « nous avons même dépassé les 240 enterrés pour le seul mois de juillet », explique cet employé de cimetière dont nous tairons le nom. Pour lui, c’est clair que « ces morts [de trop] sont liés à la Covid-19 mais la population ne veut pas l’admettre ».