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Lutte contre l’impunité : les leçons à tirer de l’affaire Chebeya

L’horreur ! C’est le sentiment qui vous saisit lorsque vous écoutez ou lisez les récits des soldats jugés dans l’affaire Chebeya. Il s’agit de ce dossier d’assassinat d’un défenseur des droits humains devenu tout un symbole de répression du régime de Joseph Kabila (2001-2018).

Deux choses m’ont frappé dans ces récits très médiatisés, en RDC. D’abord l’omerta sur les crimes d’Etat ou carrément les crimes du régime. Il y a plus grave encore : l’organisation d’un réseau de criminels cachés dans le Katanga.

Le règne du silence

Il apparaît ainsi clairement que sous Kabila, parler pouvait coûter la vie. D’ailleurs, cette conclusion n’a rien de nouveau. Il suffisait pour un opposant de dire : « Sauvons le Congo » pour être envoyé en prison, pour plusieurs années.

Dans le cas des inculpés qui témoignent au procès en cours à Kinshasa, tous ces soldats attestent que des autorités de la police nationale leur avaient promis le même sort que Chebeya si jamais ils devaient un jour parler.

Bien évidemment, on peut leur reprocher d’essayer de se présenter comme des victimes du régime. Mais il faut considérer que tous ceux qui ont parlé dans cette affaire, l’ont fait à partir de l’exil et rarement à découvert. Et c’est seulement après le départ en exil du général John Numbi et après le démentèllement du régime Kabila qu’ils peuvent parler.

Bien sûr, pour ceux qui sont restés au pays, gérés et surveillés dans le Katanga, parler pouvait être périlleux. Et c’est l’autre scandale dans cette affaire.

Cacher des criminels aux frais de l’État

Durant une décennie, des criminels ont été protégés. Plusieurs circulaient même à Lubumbashi sans qu’un seul officier de la police ni des services des renseignements civil et militaire n’ose les interpeller. Et c’est aussi dans une peur immense qu’on imagine que la justice n’a jamais véritablement osé clarifier cette affaire ni rendre justice aux victimes du double assassinat de Chebeya et de son chauffeur Bazana.

Le plus important, aujourd’hui c’est de tirer des leçons de cette affaire. Plus longtemps règne un régime, plus dangereux il peut devenir. Surtout, des individus, par vanité ou habitude, finissent par se croire plus puissants que l’Etat. C’est ce qui est arrivé lors de l’assassinat de Chebeya et son chauffeur.

Pour que pareille chose ne se reproduise en RDC !

Il appartient au nouveau régime de s’assurer que cela n’arrive plus, que cela ne lui arrive plus. Je crois sincèrement que si le président Tshisekedi se montre plus sévère de ce côté-là, il sera un grand président. L’histoire se souviendra de lui.

Mais le plus important aussi c’est que les Congolais devraient rester vraiment debout. On devrait agir de sorte que pareille chose n’arrive plus. Et cela commencera bien lorsque la justice fera vraiment son travail.

Il suffit alors de maintenir le niveau actuel de pressions et d’éviter chez chaque citoyen, la tendance à influencer la justice.

 

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