La famille politique du chef de l’État a épuisé toutes ses stratégies. Elle dit désormais ouvertement ce qu’elle nous cachait. À la place des élections, elle veut coûte que coûte un référendum pour changer la Constitution et maintenir le président Kabila au pouvoir.
C’est le ministre de l’Urbanisme Kokonyangi qui, lors d’un séjour à Lubumbashi, a évoqué la possibilité de recourir à un référendum. Sa déclaration est à prendre au sérieux d’autant plus que Joseph Kokonyangi est non seulement ministre du gouvernement Tshibala, mais aussi secrétaire général adjoint de la majorité présidentielle.
Allons aux élections ou au référendum ?
On ne le dira jamais assez. Kabila ne veut pas quitter le pouvoir. Tous ces dialogues qu’il a organisés en vue des élections dans le pays n’étaient que de la poudre aux yeux. Son intention de conserver le pouvoir par tous les moyens n’est plus à démontrer. Aujourd’hui, le mot « référendum » revient sans cesse dans la bouche des membres de la majorité présidentielle. Selon le ministre Kokonyangi, au vu de la persistance de la crise politique en RDC, il faut revenir à la souveraineté du peuple à travers un référendum. Pour cela, il évoque l’article 5 de la Constitution.
Les personnalités appelant à la tenue d’un référendum sont maintenant légions au gouvernement et dans la majorité présidentielle. Henri Mova Sakanyi, secrétaire général du PPRD – parti du chef de l’État – avait déjà lancé l’idée en mai 2016 lors d’une marche de soutien à Joseph Kabila. Mova Sakanyi souhaitait un référendum sur « le modèle du Burundi, du Rwanda et du Congo Brazzaville ». Or, dans ces trois pays, les chefs d’États ont recouru à des référendums pour supprimer la limitation du nombre des mandats présidentiels. L’autre défenseur du référendum en RDC, c’est Alain Atundu, porte-parole de la majorité présidentielle. Autant dire que l’organisation d’un référendum n’est plus une simple idée, mais tout un projet que le camp de Kabila cherche à traduire en acte.
Quelle question à votre référendum ?
Interrogé sur quelle question sera soumise au vote à ce référendum souhaité par la majorité, Kokonyangi n’a pas eu de réponse à donner. La vérité est que le ministre sait qu’à ce référendum, la question ne sera autre que celle d’un troisième mandat à donner à Joseph Kabila. Voilà pourquoi, nous craignons que l’opération d’enrôlement des électeurs en cours dans le pays puisse avoir pour objectif ce maudit référendum, au lieu d’une élection présidentielle que tout le peuple appelle de ses vœux pour déboucher sur une alternance pacifique et démocratique au pouvoir. La majorité doit savoir que la crise politique actuelle est née du refus de Kabila d’organiser les élections en 2016. Elle ne peut donc être résolue que par la tenue des élections et non par un référendum.
Et si cette fameuse majorité « josephien » pour ne pas dire josephiste décidait d’organiser ce référendum, que fera l’opposition ? Livrer la population à la boucherie humaine ? On sait que la police et l’armée ont la gâchette facile ! Me dira-t-on « tuez, tuez, … Il en restera toujours quelqu’un ». Il est plus que temps de réfléchir tout haut sur l’organisation d’une résistance conséquente.