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Massacres à Beni : « Notre silence nous tue ! », selon LUCHA

Le 18 août dernier la société civile a décrété une journée ville morte dans la province du Nord-Kivu en mémoire des victimes de Beni. Parallèlement à cet événement, le mouvement de Lutte pour le changement (LUCHA) a organisé une journée de deuil pour pleurer et honorer les citoyens sauvagement tués. 

Une centaine de membres de LUCHA se sont réunis au stade des Volcans de Goma. Ils ont scandé des chansons et exhibé des affiches sur lesquelles on pouvait lire des messages interpellateurs à l’égard du gouvernement. Mais pour quelle l’efficacité et quel bilan ? Ghislain Muhiwa est l’un des coordinateurs du mouvement.

Organiser un deuil et pleurer en mémoire des victimes de Beni peut-elle être une solution à la situation qui prévaut là-bas? 

Ghislain: Organiser un deuil, c’est une façon pour nous d’exprimer  notre amour  patriotique à l’égard de nos frères et sœurs tués. C’est un moment d’expressionde colère pour lancer un message à ceux qui de près ou de loin exécutent ceplan d’extermination de la population. Pas seulement  à Beni, mais sur toutel’étendue de la province du Nord-Kivu. Par exemple à Miriki, Lobotomi,Walikale etc. Nous condamnons ces massacres et demandons à ces « égorgeurs » qu’ils cessent immédiatement !

Concrètement, quelles sont vos actions contre les groupes armés notamment les ADF et les FDLR qui sèment la terreur ?

Dans toutes les actions que nous menons, le gouvernement n’est pas le seul ciblé. Nous lançons des messages d’indignation aux ADF et aux FDLR à travers les villes mortes, les deuils, cultes de requiem et des journées noires.

La prise en charge du problème par la population, elle-même, est-elle une solution pour Beni ?

La Lucha croit que cela n’est pas le travail de la population. Nous avons un gouvernement doté de moyens colossaux en tous genres pour qu’il fasse ce travail. Et donc, la meilleure façon pour la population de se prendre en charge : c’est d’être exigeanteàl’égard des autorités. Et pour cela, organiser  des actions non violentes. Sa passion va pousser le gouvernement à prendre des mesures efficaces. Notre silence nous tue.

Les exactions se poursuivent. Quelle est l’efficacité de vos actions ?

Quand nous organisons ces actions, c’est pour mobiliserla communauté locale, nationale et internationale afin que chacun s’implique de sa manière et à son niveau dans la recherche de solutions. Le fait qu’aujourd’hui, il y a plus d’acteurs qui  considèrent ce problème comme le leur, nous assure que nos actions ont leur efficacité.

Comment jugez-vous les effortsen cours des autorités dans la coalition FARDC-MONUSCO? 

Nous pensons que cette coalition doit être renforcée davantage car le résultat de l’opération Sokola 1 n’est pas satisfaisant. Il est insignifiant vu les exactions qui sont commises ! Pourtant, c’est la région où la Monusco et les FARDC ont déployé le plus grand nombre de leurs troupes respectives.

La Lucha, manifeste encore son insatisfaction suite au dernier bilan des massacres perpétrés suite aux déplacementsdes populations sans assistance, suite aux pertes des biens matériels et des maisons incendiées. Et tout se passe en présence de cette coalition FARDC-MONUSCO. On dirait qu’il y a une chosification de l’être humain et cela est anormal !

Quel est votre bilan des actions déjà menées et quelle est votre vision sur la situation de Beni?

Il y a déjà plus de cinq actions (marche, deuil, sit-in…) que nous avons effectuées pour  dénoncer ce qui se passe à Beni et mobiliser les concernés, pour mettre fin à ces massacres. Certains de nos militants ont passé plus de trois mois en prison de façon injuste pour avoir participé à une de nos manifestations en rapport avec Beni.

C’est un premier bilan que nous pouvons brandir. En plus, nous avons demandé une restructuration du commandement de l’opération Sokola 1. Ceci a été fait. Mais nous ne pouvonsfaire aucun commentaire car la nouvelle équipe n’est pas encore totalement à l’œuvre. Toutefois, nous pensons qu’avec une restructuration sérieuse du commandement des opérations et une implication totale de la population dans la dénonciation de l’ennemi, alors, Beni sera un territoire sans guerre.

 

 

 

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