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Massacres de Béni : un tueur sans nom !  

Deux ans déjà qu’ils tuent et massacrent des populations dans le territoire de Béni mais jusque-là, aucun nom n’a été attribué aux auteurs de ces crimes !

J’ai accompagné ce vendredi 23 septembre le cortège funèbre qui allait inhumer sept des dix victimes de la dernière attaque des égorgeurs de BéniSur le visage des familles on pouvait lire leur profonde tristesse. Aucun corps des sept victimes n’était complet. Des lambeaux de corps, découpés à la machette ont été mis dans des cercueils en bois pour l’inhumation. La douleur est d’autant plus intense car les coupables n’auront surement jamais à répondre de leurs actes devant la justice. Et pour cause, ils n’ont pas été formellement identifiés. Deux ans après les premiers massacres on les appelle encore les « présumés ADF » ! « Est-ce vraiment des ADF qui ont tué mon père ? », pleure un adolescent. « Où serons-nous en sécurité maintenant ? Qui va nous nourrir ? » ajoute le jeune homme désemparé.

L’imbroglio sur les auteurs des crimes

Il y a déjà eu près de quatre attaques avec le même mode opératoire que les présumés ADF : le massacre à la machette. Mais certains survivants ont pointé du doigt les troupes FARDC d’un colonel dissident (Bisambaza) comme étant responsable de ces tueries.

Après une attaque au mois de mai, un bandit appréhendé avait dit avoir été recruté depuis onze mois par un groupe situé dans les chaines du Rwenzori et composé de Tanzaniens, de Somaliens et de Congolais. Aucune mention des ADF dans son témoignage…

Lors de la dernière attaque du 22 septembre à 19 heures, et pour la première fois, un regroupement d’organisations des droits humains de Béni s’accorde pour donner un autre nom aux auteurs du massacre. Ils parlent alors d’« alliés des ADF ». Omar Kavotha, coordinateur du centre pour la promotion de la paix et des droits de l’homme (CEPADHO) explique cette nouvelle appellation car « on ne saurait comprendre qu’un groupe rebelle ougandais s’obstine autant à massacrer des Congolais. Si les ADF commettent ces crimes, d’autres criminels peuvent aussi adopter ce mode opératoire pour brouiller les pistes ! » dit-il. Cette ONG écrit d’ailleurs dans son rapport du 23 septembre : « Le CEPADHO alerte sur les menaces d’une nouvelle rébellion autour de Béni (empruntant le nom de l’ADF, son allié) ». 

Une fin s’impose. Les politiques peuvent déclarer comprendre la situation et la douleur des habitants de Béni, mais depuis leurs bureaux climatisés de Kinshasa, je ne crois pas qu’ils mesurent réellement l’ampleur de la situation. Il est grand temps que les autorités s’impliquent sérieusement pour mettre fin à tout ceci et identifier les vrais coupables pour que les familles victimes puissent obtenir réparation.

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