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Mbujimayi : des agents de la Ceni limogés pour avoir demandé leur salaire ?

Dans le Kasaï-Oriental, les agents de la Ceni n’ont pas le droit de réclamer leurs salaires. Ceux qui osent le faire sont immédiatement remplacés. C’est le cas d’une dizaine d’agents électoraux qui ont été limogés sans autres formes de procès. À ce jour, ils ne savent à quel saint se vouer.

Selon les victimes de ces révocations, tout a commencé par la promesse faite par le secrétaire exécutif provincial de payer deux mois d’arriérés de salaires des membres des centres d’inscription le vendredi 7 juillet 2017. La promesse n’a pas été tenue. Conséquences : les agents électoraux ont manifesté leur mécontentement. Ils prévoyaient d’organiser des journées sans statistiques électorales. Ce qui n’a pas plu aux responsables de la Ceni du Kasaï-Oriental qui les ont purement et simplement limogés et remplacés.

Dimanche 9 juillet, certains des agents limogés se sont présentés en larme au secrétariat exécutif provincial, pour essayer de comprendre ce qui leur était reproché afin de présenter, à leur tour, leurs moyens de défense. « Mais nous n’avons pas été reçus », ont déclaré certains d’entre eux. Contacté par Habari RDC, le chargé de l’éducation électorale à la Ceni Kasaï-Oriental, Pierre Kenemo, affirme que « seules deux ou trois personnes ont été révoquées car, dans leur mécontentement, elles ont endommagé le matériel électoral ».

Des pleurs et des grincements des dents

Le cas le plus incroyable est celui de Madame Mélanie Nyemba (pseudo), opératrice de saisie. Son tort est d’avoir été malade et d’être arrivée en retard au centre d’inscription. Au lieu de se présenter à 6 heures, elle n’a rejoint son poste que vers 9 h30. Elle s’est vue limogée sans excuse. En sa présence, les autorités de la Ceni du Kasaï-Oriental lui ont trouvé un remplaçant sur le champ ! « Je suis malade. J’ai expliqué mais ils m’ont mise dehors », déplore Madame Mélanie Nyemba.

Un autre jeune limogé déclare en pleurant : « Toutes ces bêtises c’est parce que nous n’avons pas d’emplois au Congo. Pourquoi ils doivent nous faire ça alors que nous n’avons fait que réclamer nos petits salaires ? »

Ces remplacements ont-ils suivi la procédure ?

La Ceni est une institution régie par des règles bien strictes. Selon le Guide de procédure de la révision du fichier électoral, le remplacement à la Ceni ne peut pas être automatique. Il y a une procédure à suivre. L’agent ne peut être remplacé que s’il s’absente au-delà de trois jours successifs sans motif valable, ou s’il ne remplit pas correctement les tâches qui lui sont confiées, ou encore s’il décide volontiers de résilier le contrat avec la Ceni pour des raisons personnelles. Or, les agents limogés et remplacés récemment ne sont concernés par aucun de ces cas énumérés.

Autre chose : en cas de remplacement des agents, les contrôleurs techniques doivent être associés à la procédure, surtout lorsqu’il s’agit des agents de leur ressort. Dans le cas ici présent, les contrôleurs techniques n’ont pas été mis au courant de la situation. Des recours ont été introduits, jusque-là sans suite pour la plupart.

Deux poids deux mesures

Cependant, tous les agents limogés n’ont pas été remplacés. Certains ont été sauvés grâce à l’intervention de leurs parrains. Les autres, qui n’ont personne pour intervenir en leur faveur, sont abandonnés à leur triste sort. Il y en a qui ont été chassés comme de vulgaires mendiants.

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