Lors des campagnes de distribution gratuite de moustiquaires pour lutter contre la malaria, la population de Mbujimayi se bouscule pour les obtenir en grand nombre. Hélas, force est de constater aujourd’hui que ces moustiquaires imprégnées d’insecticides servent désormais à autre chose qu’à lutter contre le paludisme. De quoi décourager les ONG qui les offrent gracieusement.
La population a changé abusivement l’usage de ces moustiquaires. Les pêcheurs les utilisent comme filets sur la rivière Lubilanji. De leur côté, les femmes expliquent que les moustiquaires font de meilleurs rideaux pour leurs boutiques, restaurants, kiosques, poulaillers, etc. Elles aèrent bien leurs échoppes.
Les enfants, quant à eux, utilisent les moustiquaires comme filets pour leurs poteaux quand ils jouent au football dans la rue. Parfois, lorsqu’on n’a pas de natte, on étale carrément une moustiquaire au sol et on se couche dessus. Voilà à quoi servent ces moustiquaires.
Mbujimayi, une ville où l’on cohabite avec les moustiques
Lorsque l’insalubrité bat son plein dans la ville, le terrain est propice à la reproduction des moustiques. À Mbujimayi, les eaux stagnantes, les montagnes d’immondices, les caniveaux bouchés et les hautes herbes sont des « usines » d’anophèles. Ils partagent le quotidien de la population. Si bien que dormir dans un lit non enveloppé de moustiquaire ne gêne plus personne. Se faire piquer par un moustique n’a rien d’inhabituel. Nous cohabitons avec ces petits insectes vampires. Pourtant, les conséquences sont mortelles.
Pendant que la population gaspille ainsi ses moustiquaires, détruit ou néglige la chose même qui peut la protéger, les moustiques et la malaria continuent à faire leurs ravages à Mbujimayi. Selon le Docteur Jean-Pierre Nsumba du programme de lutte contre le paludisme, la malaria est la première cause de mortalité et de morbidité au Kasaï-Oriental.
La malaria tue plus que le VIH et la tuberculose. Ses principales victimes sont les femmes enceintes et les enfants de moins de cinq ans. Docteur Nsumba affirme que l’année dernière, sur plus de 900 000 cas de paludisme enregistrés au Kasaï-Oriental, 400 ont été mortels. Raison pour laquelle, le gouvernement congolais et ses partenaires, par le biais du ministère de la Santé publique organisent régulièrement des campagnes de distribution gratuite de moustiquaires imprégnées d’insecticides.