Devenu handicapé à la suite d’un accident de circulation, Jimmy âgé de 21 ans, assis sur son fauteuil roulant, promet de ne voter que pour le candidat dont le programme prend en compte l’amélioration de la mobilité des personnes handicapées. Une interpellation à l’endroit des candidats à la présidentielle du 23 décembre.
Fils d’un handicapé, Jimmy, seul garçon de sa fratrie, était obligé de conduire son père partout sur une chaise roulante. Mais en mars 2013, un chauffeur roulant à vive allure vient le percuter avec son père alors qu’il le conduisait au beach Ngobila. La violence du choc emporte son père qui décède sur le champ et Jimmy perd l’usage de ses membres inférieurs.
Nous avons rencontré Jimmy par hasard aux abords de la concession du ministère des Affaires étrangères où il s’assoit pour demander l’aumône. Dans la tête de ce jeune homme, c’est l’Etat qui est responsable de sa situation. « Si je suis aujourd’hui orphelin et handicapé, c’est à cause du manque de politiques publiques visant l’amélioration de la mobilité des personnes vivant avec handicap », dénonce-t-il.
En réalité, la problématique de la mobilité des personnes vivant avec handicap n’intéresse guère les débats publics en RDC, alors que le pays compte 10.500 000 personnes vivant avec handicap. Ce qui représente 15% de la population selon un rapport annuel 2012 du ministère des Affaires sociales. Les personnes à mobilité réduite rencontrent de sérieux problèmes de déplacement à travers les villes de la République et en particulier à Kinshasa. C’est par exemple parcourir certaines distances, monter des escaliers, circuler sur les trottoirs, utiliser les transports en commun, avoir accès à certains types de logements, de bâtiments ou d’espaces publics…
Presque rien n’est fait pour les handicapés
Malgré toutes les difficultés que connaît cette catégorie de la population, très peu d’efforts ont été fournis pour améliorer leur situation. Pour le moment, seules les passerelles jetées sur boulevard Lumumba et pourvues de rampes permettent tant soit peu aux invalides de traverser la chaussée.
Le transport en commun, les bus Transco, New Transkin, Esprit de vie et autres ne sont pas adaptés au transport des handicapés. S’agissant des lieux de divertissement, aucune réglementation n’existe pour les rendre accessibles aux invalides. C’est le cas des lieux de détente comme des bars, des restaurants en hauteur, salles de concert, etc.
Pour cette année électorale, Jimmy souhaite que soit inscrite dans le débat politique la question de l’accès des personnes handicapées à la voirie, au transport en commun, aux espaces publics, aux bâtiments publics, au logement, etc. « Ce n’est qu’à ce prix-là que je pourrais voter. », prévient-il.
Cette difficulté des handicapés devrait interpeller tous les Congolais, car toute personne valide est un handicapé potentiel.
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Je suis une personne vivant avec handicap, je suis une jeune fille amputée d’une jambe. Je suis touchée par l’histoire de mon confrère Jimmy et je partage pleinement son avis.