20 ans et pour certains « vains temps » : voilà deux décennies que le maréchal Mobutu est décédé. Il reste présent dans la mémoire de tous et dans les cœurs de certains opposants dits radicaux. Culte de la personnalité post mortem ?
L’homme est ainsi fait : le filtre de sa mémoire sauve les bons souvenirs des époques passées, surtout quand les alternances politiques ressemblent à un miroir aux alouettes. A la faveur d’une sorte de syndrome de Stockholm a posteriori, il arrive même que des citoyens regrettent ceux qu’ils qualifiaient de satrapes.
Admirer ceux qui ne sont plus
Après avoir évoqué en mai dernier, le vingtième anniversaire de la chute de Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu wa Za Banga, la société ex-zaïroise commémore cette semaine son décès survenu il y a juste deux décennies. Parmi les moins jeunes des Congolais, certains regrettent les années 70 comme une ère où « il y avait à boire et à manger », un âge d’or au parfum de fierté nationale et une période d’enthousiasme, de la victoire des « Léopards » en Coupe d’Afrique des Nations, en 1974, à la tenue, la même année, du « combat du siècle » entre Mohamed Ali et George Foreman. Il serait pourtant hâtif de qualifier cette nostalgie sélective de réhabilitation populaire.
Dans les forums du web, nombre d’internautes conscients des immenses richesses de la RDC condamnent toujours la « zaïrianisation » kleptocrate de l’économie et une transition démocratique largement caduque.
Mélancolie ou récupération politique du mobutisme
Dans le landernau politique, confronté au bilan successif des deux Kabila – Laurent-Désiré et Joseph – la mélancolie apparaît comme une vague sur laquelle surfer. Au fil du temps, des ex-mobutistes ont navigué à nouveaux sous les ors de la République démocratique. Il y a une dizaine d’années, l’Assemblée nationale s’était même prononcée à l’unanimité pour le rapatriement de la dépouille du Léopard, même si l’un de ses fils, François-Joseph Nzanga, préféra attendre la période idéale, évoquant les risques « d’exploitation politique ».
Tout est dit : le microcosme politique actuel pourrait être tenté par la récupération d’un discours mobutiste, à commencer par une frange de l’opposition radicale ; peut-être sur le principe que « les ennemis de mes ennemis sont mes amis». Sincérité idéologique ou opportunisme nostalgique ? En guise d’emprunts au mobutisme, certains chroniqueurs agacés identifient essentiellement des méthodes politiciennes, telle que la stratégie de débauchage…
Dans un pays où une part de plus en plus importante de la population n’était pas née du temps de sa « gloire », le maréchal avide de culte de la personnalité n’est pas encore une idole historique. Mais un indice prouve que le souvenir du « Roi du Zaïre » n’inspire plus de crainte : un sosie de Mobutu se plaît à faire le buzz dans les rues de Kinshasa. Réincarnation ou résurrection ?