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#UnivSansHarcelement : « Tu as une forte poitrine, permets-moi seulement de téter comme un bébé »

Paroles, gestes, abus d’autorités, pressions, menaces… plusieurs faits traduisent le harcèlement dans les milieux universitaires. Dans sa Recherche Action menée en 2018 dans 3 universités de Kinshasa, Si Jeunesse Savait a recueilli plusieurs témoignages d’étudiantes victimes du harcèlement sexuel à Kinshasa.  

Pour raison de sécurité des étudiantes témoins et/ou victimes, nous avons préféré garder leurs noms et  leurs universités anonymes.  Dans un premier temps, nous vous partageons les témoignages de celles qui ont subi des harcèlements par les paroles.

Téter comme un bébé

Nadine (nom d’emprunt) raconte qu’une de ses amies qui était en 2e graduat l’an passé avait des vides lors de l’affichage des résultats de sa promotion, alors qu’elle avait bel et bien fait l’examen. Une réalité qui arrive souvent dans des promotions ayant beaucoup d’étudiants. Comprenez par vides, une disparition non justifiée des points. Lorsqu’elle est allée voir le professeur titulaire du cours pour recours, celui-ci lui  dit « tu as une forte poitrine, permets-moi seulement de téter… comme un bébé. Je ne te demande même pas ta virginité, je veux juste jouer à bébé et maman. »

« Voyant que c’était seulement ça », poursuit l’étudiante, son amie s’est dit qu’elle n’allait « pas redoubler de classe à cause de quelque chose qui ne va pas rester indélébile (téter comme un bébé, ndlr) ». Elle a donc cédé aux avances dudit professeur. En fin de compte, elle a eu des points. « Comme elle avait déjà parlé de la situation à ses autres amies, le fait que ces points soient réapparus soudainement prouvait aux yeux de tous qu’elle avait cédé. » conclue cette étudiante de 2e graduat.

Appels et texto

Les paroles sont aussi envoyées sous forme d’appels téléphoniques intempestives et insistantes mais aussi de nombreux messages SMS ou textos non sollicités.  Nlandu, étudiante en 2e graduat raconte. « Les inscriptions étaient déjà terminées lorsque mon amie est arrivée à l’université. Elle a demandé de l’aide à un agent qui l’a conduit auprès de son ami travaillant dans l’administration. Ce dernier lui demande simplement de revenir avec son dossier complet pour qu’il supplie le directeur académique en sa faveur. Elle a finalement eu son inscription et est revenue le remercier.  Malheureusement, pour ce dernier, un simple merci ne suffisait pas » explique cette autre étudiante de 2e graduat aussi.

 Elle s’est alors engagée à lui emmener de l’argent pour le service rendu. Il a répondu qu’il ne voulait pas de cela. Ses idées étaient ailleurs comme l’explique sa copine : « Il lui a dit qu’elle était une grande fille pour comprendre, en réalité, ce qui lui ferait plaisir, mais elle a refusé. Il a obtenu son numéro de téléphone et a commencé à la harceler par les appels à des heures tardives. Lui envoyer des messages d‘amour.  Elle a refusé à mille reprises mais il continuait toujours. Elle ne venait plus au cours, et était devenue négligente. Heureusement que je connaissais la situation. Je l’ai beaucoup soutenue et elle a repris les cours. »  

Lors des rencontres seul à seul

Dans la majorité des cas, c’est à l’occasion de rencontres seul à seul avec l’enseignant ou l’autorité de façon générale que certains en profitent pour glisser quelques mots déplacés. Pour les éviter, les étudiantes se font généralement accompagner par des camarades de classe mais qui, malheureusement, sont chassés ou mis à l’écart pour ne rien écouter… Les têtus en payent souvent les frais.  Ceci pose donc une difficulté à prouver devant les juridictions que les faits ont bel et bien eu lieu.

Mambi(Nom d’emprunt), cette troisième étudiante, a vu son professeur lui faire des avances profitant d’une séance de travail sur son Travail de fin d’études. « Pendant la période des examens, le chef des travaux m’a isolé et demandé des détails sur mon TFC. Il était l’un des enseignants en charge de ce cours sous examen, en suite, Il m’a invité au bureau, j’y suis allée avec des amis par sécurité. Il leur a demandé de m’attendre dehors et c’est là qu’il commencé à me faire des avances amoureuses. »

Le harcèlement sexuel, c’est aussi des mots durs, blessants et outrageux. Se prendre un « Tu as une bonne poitrine ! »  en pleine figure ne fait pas plaisir à entendre quand ça ne vient pas d’une personne aimée. Pas plus qu’un sifflement « psi-psi ! », ni aucune autre éloge sur ses parties intimes. Pour toutes ces raisons, il est urgent de prendre conscience que certains compliments trop osés et poussés s’avèrent être des paroles dégradantes et violentes pour d’autres. A bon entendeur !

 

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