Il est 20h30 et nous sommes dans la commune rurale de « Ngangi II » près de Goma. Pour une dizaine de jeunes du coin accompagnés par le chef du quartier, la chasse commence !
C’est la première fois que je participe à « une patrouille citoyenne » la nuit pour sécuriser nos maisons. L’objectif : lutter contre l’insécurité dans cette banlieue populaire de Goma. J’en profite pour apprendre quelques techniques d’autodéfense.
L’équipe est bien motivée. Les jeunes sont équipés de lampes à pétrole et de quelques torches électriques. Bâtons et barres de fer constituent notre arsenal de défense tandis que nous possédons également des téléphones portables et des sifflets pour communiquer.
« La sécurité est l’affaire de tous ! »
Nous sommes répartis en six groupes d’au moins dix personnes et nous ciblons les lieux stratégiques tels que les bars, les ronds-points, les cinémas de fortune où les inciviques ont l’habitude de se cacher pendant la journée.
« La sécurité est l’affaire de tous, sans elle la population ne peut pas vivre tranquillement !» explique monsieur Désiré, le chef de quartier qui félicite les jeunes pour avoir rétabli la sécurité longtemps perturbée par des bandits et même par certains agents de sécurité qui extorquent téléphones, argent et objets de valeur. La police préfère en effet patrouiller dans les quartiers chics de Goma. C’est inacceptable !
Bilan à encourager…
En une semaine, le comité de sécurité local assure avoir remis neuf présumés bandits à la police. Parmi eux, certains possédaient des armes à feu. Les guerres à répétition au Nord-Kivu ont fait augmenter l’insécurité. Les réglements de comptes terminent souvent tragiquement à cause de la prolifération des armes.
Les dérapages.
Sans expérience en matière de sécurité, ces jeunes volontaires rencontrent des difficultés et la justice populaire est parfois expéditive. Des criminels présumés sont battus « sauvagement » par la population et certains sont même brûlés vifs…
« Ces jeunes patrouilleurs ne blaguent pas. Ils sont parfois surexcités », regrette Erick Mahamba, un habitant de « Kibwet-ville », du quartier Majengo à Goma. Il a été battu alors qu’il revenait d’un enterrement vers 23 heures. Ces débordements ne sont pas acceptables, il faudrait que les patrouilles populaires puissent être encadrées.
Selon l’article 16 de notre constitution : « la personne humaine est sacrée. L’Etat a l’obligation de la respecter et de la protéger… ». Que l’Etat assume ses responsabilités tout simplement afin d’en terminer avec l’insécurité à Goma !