Si l’épidémie de coronavirus se propage de manière plus accrue à Kinshasa, c’est une évidence qu’on va ramasser plein de morts. Certains facteurs – trois au moins – prédisposent cette ville à une contamination rapide.
Beaucoup de personnes qui arrivent à Kinshasa pour la première fois sont frappées par la surpopulation. Elle va de pair avec la promiscuité, et aussi avec une criante insalubrité.
Environ 13 millions de personnes peuplent la capitale de la RDC, mais dans des conditions de vie souvent exécrables pour les plus pauvres. Pas étonnant que Kinshasa ait figuré ces dernières années sur la liste des villes du pays les plus touchées par le choléra.
Promiscuité, déficit d’urbanisation…
L’autre facteur qui fait que le coronavirus risque d’être plus mortel à Kinshasa comme ailleurs à Lubumbashi ou à Mbujimayi : le manque d’infrastructures de base. Les routes, par exemple, sont d’une impraticabilité profondément ennuyeuse depuis des décennies. Il est difficile d’aller vite sur les routes de Kinshasa souvent encombrées. C’est en partie une conséquence de la surpopulation et de la promiscuité.
Même l’idée de procéder à un confinement des populations pendant ne serait-ce qu’une semaine risque d’être aussi fatal. Puisqu’en fait, à Kinshasa, beaucoup de gens doivent sortir de chez eux chaque jour pour aller « se débrouiller » afin de survivre.
C’est d’ailleurs pour cette raison, entre autres, que les manifestations de rue contre le régime de Kabila n’ont jamais réussi entre 2015 et 2019. On savait qu’une marche pouvait tenir 2 jours à Kinshasa. Au 3e jour, les gens s’en lassaient et allaient travailler, puisque dépourvus de ressources pour vivre.
Ainsi, un confinement, même d’une semaine, serait invivable, ou pourrait susciter des tensions dans une ville déjà presqu’ardente. Courir à la recherche des malades ou des personnes supposées avoir été en contact avec des porteurs de la maladie n’est pas une entreprise facile, si le covid-19 se propage sur plusieurs fronts.
À Kinshasa, tout le monde est inconnu ou presque
Notez enfin le défaut de l’identification des habitants. À Kinshasa, comme c’est d’ailleurs le cas partout dans le pays, les autorités ne connaissent pas leurs compatriotes. Difficile de savoir qui vit où. D’ailleurs, le tâtonnement du ministre de la Santé sur l’identité du premier patient de coronavirus le prouve. Il a parlé d’un sujet belge, avant de venir annoncer qu’il était Congolais, et qu’il provenait de la France.
Même après les 2 premiers recensements des électeurs en RDC, en 2017 et 2018, les autorités ont repris à zéro l’enregistrement des électeurs. Difficile d’utiliser même des identités des années précédentes pour les personnes qui ne sont pas décédées et qui se sont fait enregistrer.
Espérer pouvoir suivre des cas suspects, dans ces conditions, relève carrément d’une chimère dans une capitale-pays comme Kinshasa.
Pour toutes ces raisons, je pense que le cocktail est en place pour faciliter le scénario du pire avec le covid-19. Mais pour autant, Kinshasa n’est pas condamné. Beaucoup, dans cette ville, ont montré leur résilience : face à la faim, aux inondations dévastatrices, aux épidémies de choléra, et même aux violences des services de sécurité.
Néanmoins, cela ne pourra être possible que si dès à présent, on cesse la légèreté qui a caractérisé les premières interventions des pouvoirs publics sur ce dossier. C’est-à-dire, prévoir des centres de confinement plus nombreux me semble plus clairvoyant.
Le gouvernement devrait aussi se préparer à l’éventualité d’un confinement plus drastique sur des semaines. Le plus dur consiste à répondre avec responsabilité à tous ces défis dès aujourd’hui, sans regarder l’aide de l’OMS ou d’autres pays qui d’ailleurs eux-aussi sont en débandade face au covid-19. Et ce sera montrer la grandeur congolaise, enfin !
Chaque crise présente les germes des faits négligés dont il faut désormais prendre compte et réussir à les relever en refusant de rester faible et à terre.
c’est très denge vraiment
ma capitale
Commentaire * appelons tous jesus christ!